Joyeux Noël, les Fans de Patrick Jane! Cette petite fic de derrière les fagots pour célébrer la fin de la saison 2 sur TF1et sa sortie en DVD, et les premiers épisodes de la saison 3 sur CBS qui cartonnent déjà outre atlantique …
Fan Fiction Mentalist
On situera l’action environ peu après le premier épisode de la saison 3 qui voit notre ami Patrick, un peu secoué par les évènements récents… « Il a eu un été exécrable… », comme le dit Lisbon. Tout le monde est un peu tendu. Il manque de patience et son raisonnement est parfois un peu sujet à caution. On peut dire qu’il ne fait rien pour arranger les choses … la peur sans doute de voir « tout ceux qui l’aiment tomber entre les griffes de Red John » … aurait-il tellement envie de se faire détester ?
Protégez-moi de mes amis.
Patrick Jane s’attire les foudres de ses amis du CBI quand il suspecte un policier d’élite, proche de Lisbon, de corruption et de meurtre.
Quartier des Affaires. Sacramento
- La police locale, c’est déjà fait. Nous sommes déjà bien implantés à Sacramento.
Annonce le secrétaire de séance, sur un ton froid et mécanique.
Une douzaine d’hommes en costume grand style, est réunie autour de la table. Ca a tout l’air d’une réunion d’hommes d’affaires, d’un conseil d’administration. Mais la discrétion est de mise, la lumière est tamisée. Les lampes sont braquées sur le centre de la table, jonchée de photographies. Tels des projecteurs n’éclairant que l’essentiel.
- Nous risquons néanmoins de rencontrer une forte résistance du côté du CBI. Intervient un des participants.
- Le CBI, j’en fais mon affaire. Rétorque calmement l’homme au bout de la table. J’ai déjà commencé le travail. Nous allons bien vite éliminer les différents écueils … Faîtes moi confiance.
Une main sort de l’ombre et avance lentement vers le centre, un portrait pris sur le vif de Patrick Jane.
Sacramento. Quartier des docks. Scène de crime.
Quand ils arrivent sur le lieu du crime, la police a déjà investi le bâtiment. Une résidence de bas étage, habité par des truands et des junkies notoires. Plusieurs services ont été avertis par courrier électronique qu’un crime allait y être perpétré.
Lisbon a été prévenue que le suspect appréhendé avait demandé à ce qu’elle prenne l’affaire en mains et qu’il promettait une entière coopération.
Elle comprend mieux quand elle constate qu’il s’agit de Rob Taylor, un de ses premiers équipiers. Les retrouvailles sont chaleureuses en dépit de la situation ambiguë dans laquelle se trouve Taylor. Qui prétend se trouver là pour les besoins d’une enquête sur un trafic de stupéfiants. La victime est un dealer, responsable de la mort d’un incalculable nombre de gamins, qui ont consommé un produit coupé avec des substances nocives.
Jane remarque tout de suite l’emprise que Taylor a sur Lisbon qui semble boire ses paroles.
Il écoute l’air de rien ses fumeuses explications en examinant la pièce avec attention.
Taylor explique qu’il s’est battu quelques heures plus tôt, avec Smoothie, le dealer, pour obtenir des renseignements sur la distribution du poison. Ce qui justifie selon lui que ses mains portent des marques et que son ADN pourrait être retrouvé sur le corps. Il serait allé vérifier les infos, fausses évidemment et serait revenu pour lui demander des comptes. Il l’avait trouvé là, victime d’une overdose.
- J’ai touché à la seringue, quand je suis revenu. Regrette le flic, un mauvais réflexe, je voulais voir …
- C’était super imprudent. Lance Jane, et puis ça n’était pas bien malin de fouiller partout avant l’arrivée des collègues.
- Jane ! s’interpose Lisbon.
- Non Teresa, laisse.
Dis Taylor doucement en avançant vers Patrick. Il se plante devant lui.
Alors c’est vous Jane.
Il le toise de bas en haut avec un regard méprisant.
Bosco était mon meilleur ami. Souffle-t-il, de la haine dans les yeux.
Jane soupire sans oser répondre. Pas question de se mettre en porte-à-faux. Toutes les personnes présentes sont au courant. Pour la plupart d’entre elles c’est la faute de Jane si Bosco a été tué. Les deux hommes se jaugent mutuellement. Ce qui passe dans leurs yeux à cet instant n’appartient qu’à eux, mais l’air devient subitement formidablement électrique. Jane s’est fait son opinion. Taylor a bien tué Smoothie.
Taylor lui tourne le dos après une ultime bravade.
- T’étais obligée d’amener ce pitre ? adresse-t-il à Lisbon dans un soupir dédaigneux.
- Vous n’allez pas lui passer les menottes ? décoche Patrick en représailles. Après tout il vient d’avouer avoir tapé sur ce gars …
Le léger murmure des divers agents qui s’affairent s’interrompt. L’assistance s’est figée. Lisbon ne laisse pas à Taylor le temps de répliquer, elle empoigne brutalement Jane par le coude et l’entraîne hors de la pièce.
- Mais enfin qu’est-ce qui vous a pris ? invective-t-elle.
- Ce qui m’a pris ? Mais j’ai juste fait les constats d’usage. Répond-il presque amusé. Taylor avait bien du sang de cet homme sur les mains, je me trompe ?
- Il s’en est expliqué. Rétorque Lisbon en lâchant son bras.
- Et ses explications vous suffisent ? s’inquiète Jane. Rien ne vous choque ? Ce type est tout simplement en train de vous mentir Lisbon.
- Oh Jane … vous êtes incorrigible. Se plaint-t-elle, excédée. Je connais Taylor depuis plus de dix ans. C’est le meilleur flic de la région. S’il dit que les apparences sont contre lui alors qu’il n’a rien fait, c’est que les apparences sont contre lui. Tout simplement.
- Mais enfin, il a frappé ce type. Il l’a avoué. Il a même avoué qu’on trouverait ses empreintes sur la seringue qui a inoculé la dose mortelle. C’est le comble du vice.
- Il examinait les indices.
- Sans gants ? Il a touché à tout sur la scène de crime et compromis les premières constatations. Et ça, ça ne vous pose pas de problème ?
- Vous êtes gonflé ! Vous faites ça tout le temps !
- Peut-être. Mais moi je ne suis pas un policier d’élite.
- Oh Jane … Lisbon tourne les talons et s’apprête à rentrer dans l’appartement.
je vous préviens Jane …
- Lisbon attendez. Cette fois c’est Patrick qui la prend par le bras. Délicatement.
Faîtes bien attention. Il n’est peut-être plus le flic que vous avez connu. Tout ça sent la manipulation.
- Ah oui, et la manipulation, ça c’est votre affaire.
- Oui c’est vrai. Et je sais de quoi je parle. Il cherche à vous utiliser, c’est évident.
- Vous êtes parano. Lâche-t-elle en reprenant son bras. Elle fait mine de partir. Se ravise. Je vous préviens Jane. Si vous touchez à Taylor, vous me trouverez en face de vous. C’est un type bien.
- Ce n’est pa
s un type bien Lisbon. Faîtes attention.
- Merde. Elle le snobe et retourne à l’intérieur.
Patrick prend une profonde inspiration et affiche une moue mêlant surprise et déception.
- Fais gaffe à pas aller trop loin. Lui glisse Cho en sortant.
Jane croit déceler une pointe d’agressivité dans cette remarque. Plutôt rare
de la part de son collègue. Ouh, terrain miné.
Fais gaffe…
Le lendemain, c’est une nouvelle découverte macabre qui retient l’attention du CBI. La victime est elle aussi un criminel. Etrangement, un étrangleur, étranglé. Les deux affaires pourraient avoir un lien. Et Lisbon y voit l’occasion de disculper son ami. S’il s’agit d’une espèce de vengeance, ciblant des tueurs, étant donné que Taylor a passé toute la nuit dans les locaux du CBI, il est de fait mis hors de cause. C’est avec confiance et une évidente satisfaction qu’elle organise le passage de Taylor devant ses pairs, pour le jour à venir.
Centre ville de Sacramento, 9h du matin, troisième jour
À quelques pâtés de maisons du Q. G.
Au troisième cadavre du genre, le doute n’est plus permis. Un justicier a bien décidé de nettoyer la ville.
Lisbon est partie assister à l’interrogatoire de Taylor par les services internes. Bien contente de ne pas avoir à gérer les rapports compliqués entre lui et Jane pour toute la matinée.
Elle a détaché Cho et Van Pelt pour les constatations. Et leur a « refilé le bébé ».
- Encore un qui a péri par où il a pêché. Dit Van Pelt sur un ton mitigé.
Elle se tient devant le corps au côté de Cho, hiératique. Jane s’est accroupi pour mieux observer la victime. Un tueur patenté, dont la marotte est d’énucléer ses victimes. Libéré, pour avoir su menacer des témoins sans se faire prendre.
- Magnum Force. Affirme-t-il en pointant du doigt le cadavre, comme s’il voulait lui tirer dessus.
- Magnum Force ? C’est quoi ça ? demande Grace, circonspecte.
- C’est le titre du premier volet des films sur l’Inspecteur Harry. Soupire Cho.
- Exactement ! C’est ça ! Magnum Force. Répète Jane en se relevant. Et toi t’es Clint Easwood, sourit-il. Bon d’accord, t’en n’as pas la carrure, mais t’en as l’allure. Insiste-t-il face à la mine dépitée de son camarade.
Cho secoue la tête.
… t’en as pas la carrure mais t’en as l’allure !
- C’est l’histoire d’un flic qui démantèle un tribunal d’exception qui s’est constitué au sein de la police. Des flics ripoux règlent leur compte à des criminels remis en liberté par la justice pour de mauvaises raisons. Explique-t-il.
- Exactement. Répète Jane. C’est exactement ça. Et si j’ai bonne mémoire, ils appliquaient la loi du talion. Œil pour œil … sourit-il en désignant les orbites vides de la dépouille. Si j’ose dire … continue-t-il en dodelinant de la tête.
Il efface son sourire en lisant la désapprobation sur le visage de ses collègues.
- Personne ne mérite de mourir comme ça. S’indigne Van Pelt.
- Oh je sais pas. Conteste Patrick. Moi je vois bien John le Rouge se vider de son sang.
Un silence gêné s’installe. Cho et Van Pelt n’en reviennent décidemment pas de voir à quel point il peut se montrer cynique.
- Et ils tenteraient de faire porter le chapeau à Talyor selon toi ? Tente Cho pour relancer le débat, espérant sans doute dissiper un peu le malaise. C’est raté.
- Ah non. Taylor a vraiment tué Smoothie. Ca c’est sûr.
- Tu ne vas pas le lâcher ? s’exaspère Cho.
- Il n’a même pas cherché à me le cacher. … mais s’est bien gardé de vous le faire voir. Il prend son pied, ça t’a pas sauté aux yeux ? C’est un vrai psychopathe. Un tueur.
- C’est un flic. Un vétéran. Rétorque Cho avec indignation. Et c’est pas parce que tu l’aimes pas que ça fait de lui un meurtrier. Il a du terrain. Bien sûr qu’il a déjà tué. Comme moi, ou toi d’ailleurs … tu as déjà tué. Pour sauver une vie.
- Mmmoui … mais la différence, c’est que moi, ça ne m’a pas fait plaisir …
- Si ça avait été John le Rouge, ça t’aurait fait plaisir … renchérit Van Pelt, sans qu’on puisse discerner si sa remarque est une question ou une affirmation.
Jane réfléchit un instant avec de lâcher :
- Probablement … Laissant ses collègues le fuir, dégoûtés.
Cho dégaine son portable et fait son rapport au patron. Elle va apprécier la nouvelle idée de Jane !
Quartier général du CBI. Vers midi.
De retour au CBI l’ambiance n’est pas meilleure. Lisbon et Taylor semblent eux parfaitement détendus et devisent joyeusement sur les poursuites abandonnées, derrière la porte en verre de son bureau. Taylor s’en tire à bon compte. Tout tend à démontrer qu’il s’agit d’un coup monté contre lui. Des accusations douteuses, et anonymes. Envoyées par Internet. Ca ne fait pas sérieux. Sa présence sur les lieux du crime s’expliquant parfaitement par ailleurs, par les soupçons qu’il déclare lui-même l’avoir amené là, dans le cadre de son enquête.
Jane n’y croit pas un instant. Il est convaincu que c’est lui qui tire les ficelles. Difficile néanmoins de le prouver, tant qu’il ne s’agit que d’intuition. Pas suivi par ses équipiers, acquis à la cause de Lisbon, qui défend l’honneur de son ancien partenaire, il craint d’avoir à jouer serré pour les convaincre.
- Je connais bien Taylor, justifie Cho. Le patron et lui ont bossé en équipe pendant un an. Il est plusieurs fois médaillé. C’est un policier d’élite. T’as pas le droit de le salir comme ça.
Il n’a pas besoin de hausser le ton pour que Jane se rende compte de sa détermination. Dommage, il aurait préféré l’avoir de son côté.
- Le patron ne l’a pas quitté depuis le premier meurtre. Comment il aurait fait pour les deux autres ? intervient Grace.
- Le fait qu’il ne les ait pas tués tous, ne veut pas dire qu’il n’a pas tué du tout.
Jane a bien du mal à se faire entendre.
- Et puis quel intérêt il aurait eu de mettre le CBI sur le coup s’il avait quelque chose à voir là-dedans, surtout ? Les appuie Rigsby.
Jane sent l’opposition se renforcer. Comment leur ouvrir les yeux ?
comment leur ouvrir les yeux !
- C’est ça qui est super malin … il s’infiltre doucement … tente-t-il.
- Un flic qui infiltre des flics, hein … tu vas pas recommencer avec ça. S’impatiente Kimball. Cette fois ça suffit.
- Mais si ! Voyons Cho, réfléchis ! Qui mieux qu’un héros pour inspirer confiance ? Après, y’a plus qu’à …
- Arrête ça. Cho est vraiment fâché. C’est du cinéma ! Et si tu crois qu’on va te suivre dans un délire pareil, t’es cinglé.
Taylor observe la scène du coin de l’œil. Satisfait de voir son plan si bien se dérouler. A l’évidence, l’équipe est divisée. Et il sait désormais, sur qui il peut compter. Lisbon lui doit trop pour ajouter foi aux élucubrations de Jane, qu’il a astucieusement provoquées. Et les autres membres de l’unité doutent de plus en plus de son état mental. Il espère bien que Jane va s’enferrer dans ses contradictions. Et lui donner une occasion rapide d’en finir.
- Tu devrais te méfier de lui Teresa. Ce type est dangereux. Lâche-t-il en matière d’avertissement. Regarde ce qu’il fait à ton équipe.
- C’est rien, ils discutent. Dédramatise Lisbon.
- Il finira par faire imploser le service. Insiste Taylor. Tu ne vois donc pas ce qu’il fait ?
c’est rien, ils discutent …
Il prend une pause. Pour laisser le temps à Lisbon de contempler le spectacle, dont il est l’heureux auteur. Patrick passe un mauvais quart d’heure. Tous deux assistent à son départ piteux. Ils n’ont pas pu entendre ce qui s’est dit, mais tout laisse penser qu’il vient de se faire vertement rembarrer.
- Depuis que tu bosses avec ce maniaque, on ne te voit plus. Tu n’as plus le temps de rien. Il te fait courir après ses chimères. Il te coupe de tes amis. Il accapare tes hommes pour son usage personnel. Il serait temps qu’ils lui résistent ! Approuve-t-il.
Lisbon constate en effet une animosité certaine et inhabituelle envers Jane. Mais qu’est-ce qu’il leur a encore raconté ?
- C’est vrai, que c’est un garçon un peu perturbé parfois, mais …
- Perturbé et dangereux, Teresa. Dangereux. Regarde ce qu’il a fait à Bosco et son équipe ! Tu attends quoi ? Qu’il vous entraîne dans le même merdier ? Il a ce … psychopathe qui lui colle au train. Ils font bien la paire, tiens.
Il pète régulièrement les plombs à ce que j’ai entendu … et il … ne supporte pas que
tes anciens amis reviennent vers toi … Il te veut tout à lui.
Il te manipule, il te manœuvre à sa guise depuis des mois. Ouvre les yeux ma pauvre
Teresa ! Il aura ta peau !
- Tu dis ça parce que tu es en colère … mais il ne faut pas …
- En colère ! ça tu peux le dire. Ce guignol claironne partout que je suis un meurtrier !
- Il fait son boulot. Le défend encore Lisbon. Il a fait état de ses soupçons, au début mais …
- … il continue ! Il n’admet pas ou ne veut pas admettre que tu prouves mon innocence.
- C’est pas ce qu’il a dit …
- Ah non ? Et qu’est-ce qu’il a dit ? Qu’est-ce qui se passe là ?
Il désigne Cho, Van Pelt et Rigsby, visiblement troublés.
Il cache à Teresa un sourire de prédateur satisfait qui n’aurait pas échappé à Jane.
Quelques heures après. Toujours au CBI.
Jane sort de son grenier aussi discrètement qu’il y est monté. Depuis qu’il en a l’usufruit, cet appentis situé tout en haut de l’édifice, lui sert de refuge. Ses siestes, plus clandestines, le coupent un peu plus de l’équipe, avec qui il sent un véritable froid depuis qu’il a accusé Taylor. Il passe ses doigts dans sa tignasse ébouriffée et ajuste sa veste froissée avant de se glisser dans la cuisine. Il lui faut un bon thé pour se réveiller. C’est la fin d’après midi après tout. Même si pour lui, c’est toujours l’heure du thé.
Alors qu’il se dirige vers son canapé préféré, il perçoit comme un malaise. Les trois personnes qu’il croise, détournent le regard. Rigsby et Cho décident d’aller boire un café et quittent le bureau sans même le saluer.
Il croise Van Pelt en train de travailler sur son ordinateur. Elle lui lance un regard furtif et gêné.
- Quoi ? … J’ai fait quelque chose ? demande –t-il en passant près d’elle.
Elle s’affaire sur son écran sans répondre.
Jane soupire et va s’asseoir sur le canapé. Il s’apprête à porter la tasse à ses lèvres, quand un dossier vole par-dessus son épaule et tombe tout près, éparpillant un tas de feuilles autour de lui.
- Vous êtes un grand malade, vous savez ça. L’invective Lisbon. Elle est en colère, visiblement. Vous … ça, vous m’en avez fait … mais ce coup là, je ne suis pas prête de vous le pardonner !
Abasourdi, Jane encaisse sans broncher. Elle a les nerfs en pelote depuis qu’il a remis en question la loyauté d’un de ses anciens coéquipiers, venu chercher de l’aide auprès du CBI. Conscient que ça n’est pas le moment de répondre. Il suit Lisbon du regard quand elle repart dans son bureau. Il n’a pas tout compris. Il adresse à Grace une mine suppliante. « C’est quoi ça ? » lit-elle sur ses lèvres, avant de replonger le nez dans son ordinateur. Jane pose sa tasse sur l’accoudoir et récupère une des pages échappées de la chemise. Il la lit, visiblement dépassé. Il lâche un énorme soupir avant de rassembler l’ensemble et se lève en hochant la tête.
C’est quoi ça ?
Il rejoint Van Pelt, de plus en plus gênée.
- C’est quoi ça ? lui répète-t-il en posant sur son bureau l’objet du délit.
- C’est … hésite Grace, c’est une enquête informatique. Qui … t’accuse, en fait.
- Qui m’accuse ? mais de quoi ?
- D’être l’auteur des mails, dans le coup monté contre Taylor.
- Quoi ?
« S’il joue la surprise, alors là il est très bon » se dit Van Pelt. Qui ne sait plus très bien ce qu’elle doit faire.
- En tous cas, elle révèle que tous ces mails ont été envoyés depuis chez toi. Divulgue-t-elle.
- Depuis chez moi ? Mais j’y suis presque jamais ! Et puis pourquoi je serais allé jusque là-bas pour …
- Pour être tranquille …
- Tranquille … je passe mes nuits ici. Y’a jamais personne. Il y a pas plus tranquille… pourquoi je … Attends Grace … est-ce qu’il existe un moyen de faire croire que quelqu’un a envoyé des mails, sans que ce soit lui ? Dis …
- Techniquement, oui, c’est possible, c’est un peu compliqué mais c’est possible.
- Et toi … tu es capable de savoir si c’est ce qui est arrivé à mon ordinateur ?
- Mais là, les spécialistes qui ont pondu le rapport sont formels …
- Les spécialistes ? Le rapport ? Mais qui leur a commandé ? …
- Oh ça je ne sais pas … tout ce que je sais, c’est que le patron l’a reçu tout à l’heure … Elle était furieuse.
- Grace. Patrick se penche sur elle et lui murmure à l’oreille :
Je n’ai pas envoyé ces messages. Mais je ne peux pas le prouver parce que n’y connais rien moi à ces trucs informatiques. Tu peux m’aider ?
- Je ne sais pas si je dois …
- Grace … tu veux que je te supplie ?
- Je peux peut-être vérifier un ou deux trucs.
Elle change de fenêtre et fait apparaître sur l’écran divers éléments auxquels Jane ne comprend rien.
Elle pianote quelques minutes en faisant « Non » de la tête. « C’est pas bon » pense-t-elle.
- Non. Tout indique que les messages ont bien été postés de ton ordinateur personnel. Dit-elle tout aussi déçue que lui.
- Mais c’est impossible je ne suis pas rentré depuis des jours … et surtout j’ai pas ouvert cet ordi depuis des siècles ... Elle le sent sincère.
- Attends … continue-t-elle, en faisant défiler une liste de lignes de codes. Y’a quelque chose qui cloche …
- Quoi ? Patrick reprend espoir.
- Et bien, c’est bizarre. Parce que la plupart des mails envoyés ces jours-ci l’ont bien été de chez toi … mais là, je vois des adresses trafiquées … seulement deux. Juste deux fois, sur une douzaine, tu aurais envoyé un message à partir … d’ici. En trafiquant l’adresse pour que ça semble être parti de chez toi …
- Seulement deux fois ? Pourquoi j’aurais fait ça ? Et pourquoi je n’aurais pas tout simplement envoyé tous les messages d’ici ? C’était plus pratique … et puis, je n’aurais pas été plus difficile à identifier ?
- Si, c’est sûr.
- Alors j’aurais tout fait pour me faire griller ?
- Mouais, c’est un peu tordu.
Patrick se plante face à Van Pelt :
- Tu me crois assez tordu pour faire un truc pareil ?
- Humm … assez tordu … ça oui … t’as déjà fait des trucs pires … mais pour être allé si loin … et dans quel but … j’avoue … je ne vois pas bien où tu aurais voulu en venir.
- Grace …
- Oui, bon … ben euh … d’accord. C’est très louche. Et si ça c’est du bidon … c’est peut-être bien … que … quelqu’un cherche à se débarrasser de toi.
- Et tu crois pouvoir trouver qui ?
- C’est fait. Sourit Garce en appuyant sur la touche entrée. Patrick se précipite derrière elle, et se penche pour lire par-dessus son épaule.
Ils regardent tous les deux l’écran avec attention.
- Les deux messages truqués ont été postés du poste de … Cho. … ? …
- Ça n’a pas de sens. Conteste Jane.
- Sauf si … Cho a prêté son ordinateur à Taylor. L’autre jour, il avait soit disant sa déposition à taper. Et … ça, ça n’est pas le mot de passe de Cho.
- Tu connais le mot de passe de Cho ?
- Pas besoin. La session utilisée, n’est pas celle de Cho. Si je peux craquer le mot de
passe de celle-ci, je pourrais relier l’utilisateur aux mails et … démontrer qu’en fait c’est toi, qui as été floué.
- Fais ça. Commande Jane en se relevant.
- D’accord, je t’imprime ça dès que possible. Qu’est-ce que tu vas faire ?
- Essayer d’expliquer tout ça à Lisbon. Répond-il en la quittant.