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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 16:30

 

Joyeux Noël, les Fans de Patrick Jane!  Cette petite fic de derrière les fagots pour célébrer la fin de la saison 2 sur TF1et sa sortie en DVD, et les premiers épisodes de la saison 3 sur CBS qui cartonnent déjà outre atlantique …        

                                                                   

Mentalist -fic Joyeux Noêl Patrick


Fan Fiction Mentalist   

On situera l’action environ peu après le premier épisode de la saison 3 qui voit notre ami Patrick, un peu secoué par les évènements récents… « Il a eu un été exécrable… », comme le dit Lisbon. Tout le monde est un peu tendu. Il manque de patience et son raisonnement est parfois un peu sujet à caution. On peut dire qu’il ne fait rien pour arranger les choses … la peur sans doute de voir « tout ceux qui l’aiment tomber entre les griffes de Red John » … aurait-il tellement envie de se faire détester ?

 

 

Protégez-moi de mes amis.

Patrick Jane s’attire les foudres de ses amis du CBI quand il suspecte un policier d’élite, proche de Lisbon, de corruption et de meurtre.

 

Quartier des Affaires. Sacramento

 

-          La police locale, c’est déjà fait. Nous sommes déjà bien implantés à Sacramento.

Annonce le secrétaire de séance, sur un ton froid et mécanique. 

 

Une douzaine d’hommes en costume grand style, est réunie autour de la table. Ca a tout l’air d’une réunion d’hommes d’affaires, d’un conseil d’administration. Mais la discrétion est de mise, la lumière est tamisée. Les lampes sont braquées sur le centre de la table, jonchée de photographies. Tels des projecteurs n’éclairant que l’essentiel.

-          Nous risquons néanmoins de rencontrer une forte résistance du côté du CBI. Intervient un des participants.

-          Le CBI, j’en fais mon affaire. Rétorque calmement l’homme au bout de la table. J’ai déjà commencé le travail. Nous allons bien vite éliminer les différents écueils … Faîtes moi confiance.

Une main sort de l’ombre et avance lentement vers le centre, un portrait pris sur le vif de Patrick Jane.

                                                

                                                  Jane.JPG

 

Sacramento. Quartier des docks. Scène de crime.

 

Quand ils arrivent sur le lieu du crime, la police a déjà investi le bâtiment. Une résidence de bas étage, habité par des truands et des junkies notoires. Plusieurs services ont été avertis par courrier électronique qu’un crime allait y être perpétré.

 

Lisbon a été prévenue que le suspect appréhendé avait demandé à ce qu’elle prenne l’affaire en mains et qu’il promettait une entière coopération.

Elle comprend mieux quand elle constate qu’il s’agit de Rob Taylor, un de ses premiers équipiers.  Les retrouvailles sont chaleureuses en dépit de la situation ambiguë dans laquelle se trouve Taylor. Qui prétend se trouver là pour les besoins d’une enquête sur un trafic de stupéfiants. La victime est un dealer, responsable de la mort d’un incalculable nombre de gamins, qui ont consommé un produit coupé avec des substances nocives.

 

Jane remarque tout de suite l’emprise que Taylor a sur Lisbon qui semble boire ses paroles.

Il écoute l’air de rien ses fumeuses explications en examinant la pièce avec attention.

Taylor explique qu’il s’est battu quelques heures plus tôt, avec Smoothie, le dealer, pour obtenir des renseignements sur la distribution du poison. Ce qui justifie selon lui que ses mains portent des marques et que son ADN pourrait être retrouvé sur le corps. Il serait allé vérifier les infos, fausses évidemment et serait revenu pour lui demander des comptes. Il l’avait trouvé là, victime d’une overdose.

-          J’ai touché à la seringue, quand je suis revenu. Regrette le flic, un mauvais réflexe, je voulais voir …

-          C’était super imprudent. Lance Jane, et puis ça n’était pas bien malin de fouiller partout avant l’arrivée des collègues.

-          Jane ! s’interpose Lisbon.

-          Non Teresa, laisse.

Dis Taylor doucement en avançant vers Patrick. Il se plante devant lui.

            Alors c’est vous Jane.

Il le toise de bas en haut avec un regard méprisant.

Bosco était mon meilleur ami. Souffle-t-il, de la haine dans les yeux.

 

Jane soupire sans oser répondre. Pas question de se mettre en porte-à-faux. Toutes les personnes présentes sont au courant. Pour la plupart d’entre elles c’est la faute de Jane si Bosco a été tué. Les deux hommes se jaugent mutuellement. Ce qui passe dans leurs yeux à cet instant n’appartient qu’à eux, mais l’air devient subitement formidablement électrique. Jane  s’est fait son opinion. Taylor a bien tué Smoothie.

 

Taylor lui tourne le dos après une ultime bravade.

-          T’étais obligée d’amener ce pitre ? adresse-t-il à Lisbon dans un soupir dédaigneux.

-          Vous n’allez pas lui passer les menottes ? décoche Patrick en représailles. Après tout il vient d’avouer avoir tapé sur ce gars …

 

Le léger murmure des divers agents qui s’affairent s’interrompt. L’assistance s’est figée. Lisbon ne laisse pas à Taylor le temps de répliquer, elle empoigne brutalement Jane par le coude et l’entraîne hors de la pièce. 

-          Mais enfin qu’est-ce qui vous a pris ? invective-t-elle.

-          Ce qui m’a pris ? Mais j’ai juste fait les constats d’usage. Répond-il presque amusé. Taylor avait bien du sang de cet homme sur les mains, je me trompe ?

-          Il s’en est expliqué. Rétorque Lisbon en lâchant son bras.

-          Et ses explications vous suffisent ? s’inquiète Jane. Rien ne vous choque ?  Ce type est tout simplement en train de vous mentir Lisbon.

-          Oh Jane … vous êtes incorrigible. Se plaint-t-elle, excédée. Je connais Taylor depuis plus de dix ans. C’est le meilleur flic de la région. S’il dit que les apparences sont contre lui alors qu’il n’a rien fait, c’est que les apparences sont contre lui. Tout simplement.

-          Mais enfin, il a frappé ce type. Il l’a avoué. Il a même avoué qu’on trouverait ses empreintes sur la seringue qui a inoculé la dose mortelle. C’est le comble du vice.

-          Il examinait les indices.

-          Sans gants ?   Il a touché à tout sur la scène de crime et compromis les premières constatations. Et ça, ça ne vous pose pas de problème ?

-          Vous êtes gonflé ! Vous faites ça tout le temps !

-          Peut-être. Mais moi je ne suis pas un policier d’élite.

-          Oh Jane … Lisbon tourne les talons et s’apprête à rentrer dans l’appartement.

 

 

 

                                                     jane-et-teresa.pngje vous préviens Jane …

 

 

 

-          Lisbon attendez. Cette fois c’est Patrick qui la prend par le bras. Délicatement.

Faîtes bien attention. Il n’est peut-être plus le flic que vous avez connu. Tout ça sent la manipulation.

-          Ah oui, et la manipulation, ça c’est votre affaire.

-          Oui c’est vrai. Et je sais de quoi je parle. Il cherche à vous utiliser, c’est évident.

-          Vous êtes parano. Lâche-t-elle en reprenant son bras. Elle fait mine de partir. Se ravise. Je vous préviens Jane. Si vous touchez à Taylor, vous me trouverez en face de vous. C’est un type bien.

-          Ce n’est pa

 

s un type bien Lisbon. Faîtes attention.

-          Merde. Elle le snobe et retourne à l’intérieur.

Patrick prend une profonde inspiration et affiche une moue mêlant surprise et déception.

 

-          Fais gaffe à pas aller trop loin.  Lui glisse Cho en sortant.

 

Jane croit déceler une pointe d’agressivité dans cette  remarque. Plutôt rare

 

de la part de son collègue. Ouh, terrain miné.

Cho-terrain-mine.JPG

                                                                 

 

 

Fais gaffe…  

 

                                                                                                                                                       

 

 

 

 

 

Le lendemain, c’est une nouvelle découverte macabre qui retient l’attention du CBI. La victime est elle aussi un criminel. Etrangement, un étrangleur, étranglé. Les deux affaires pourraient avoir un lien. Et Lisbon y voit l’occasion de disculper son ami. S’il s’agit d’une espèce de vengeance, ciblant des tueurs, étant donné que Taylor a passé toute la nuit dans les locaux du CBI, il est de fait mis hors de cause. C’est avec confiance et une évidente satisfaction qu’elle organise le passage de Taylor devant ses pairs, pour le jour à venir.

 

the-mentalist-red-badge-6

 

 

   Centre ville de Sacramento,  9h du matin, troisième jour

À quelques pâtés de maisons du Q. G.

 

Au troisième cadavre du genre, le doute n’est plus permis. Un justicier a bien décidé de nettoyer la ville.

Lisbon est partie assister à l’interrogatoire de Taylor par les services internes. Bien contente de ne pas avoir à gérer les rapports compliqués entre lui et Jane pour toute la matinée.

Elle a détaché Cho et Van Pelt pour les constatations. Et leur a « refilé le bébé ».

 

-          Encore un qui a péri par où il a pêché. Dit Van Pelt sur un ton mitigé.

Elle se tient devant le corps au côté de Cho, hiératique. Jane s’est accroupi pour mieux observer la victime. Un tueur patenté, dont la marotte est d’énucléer ses victimes. Libéré, pour avoir su menacer des témoins sans se faire prendre.

 

-          Magnum Force. Affirme-t-il en pointant du doigt le cadavre, comme s’il voulait lui tirer dessus.

-          Magnum Force ? C’est quoi ça ? demande Grace, circonspecte.

-          C’est le titre du premier volet des films sur l’Inspecteur Harry. Soupire Cho.

-          Exactement ! C’est ça ! Magnum Force. Répète Jane en se relevant. Et toi t’es Clint Easwood, sourit-il.  Bon d’accord, t’en n’as pas la carrure, mais t’en as l’allure. Insiste-t-il face à la mine dépitée de son camarade.

Cho secoue la tête.

                                                         cho-hieratique.JPG … t’en as pas la carrure mais t’en as l’allure !

-          C’est l’histoire d’un flic qui démantèle un tribunal d’exception qui s’est constitué au sein de la police. Des flics ripoux règlent leur compte à des criminels remis en liberté par la justice pour de mauvaises raisons. Explique-t-il.

-          Exactement. Répète Jane. C’est exactement ça. Et si j’ai bonne mémoire, ils appliquaient la loi du talion. Œil pour œil … sourit-il en désignant les orbites vides de la dépouille.  Si j’ose dire … continue-t-il en dodelinant de la tête.

Il efface son sourire en lisant la désapprobation sur le visage de ses collègues.

-          Personne ne mérite de mourir comme ça. S’indigne Van Pelt.

-          Oh je sais pas. Conteste Patrick. Moi je vois bien John le Rouge se vider de son sang.

 

Un silence gêné s’installe. Cho et Van Pelt n’en reviennent décidemment pas de voir à quel point il peut se montrer cynique.

 

-          Et ils tenteraient de faire porter le chapeau à Talyor selon toi ? Tente Cho pour relancer le débat, espérant sans doute dissiper un peu le malaise. C’est raté.

-          Ah non. Taylor a vraiment tué Smoothie. Ca c’est sûr.

-          Tu ne vas pas le lâcher ? s’exaspère Cho.

-           Il n’a même pas cherché à me le cacher. … mais s’est bien gardé de vous le faire voir. Il prend son pied, ça t’a pas sauté aux yeux ? C’est un vrai psychopathe. Un tueur.

-          C’est un flic. Un vétéran. Rétorque Cho avec indignation. Et c’est pas parce que tu l’aimes pas que ça fait de lui un meurtrier.  Il a du terrain. Bien sûr qu’il a déjà tué. Comme moi, ou toi d’ailleurs … tu as déjà tué. Pour sauver une vie.

-          Mmmoui … mais la différence, c’est que moi, ça ne m’a pas fait plaisir …

 

-          Si ça avait été John le Rouge, ça t’aurait fait plaisir … renchérit Van Pelt, sans qu’on puisse discerner si sa remarque est une question ou une affirmation.

Jane réfléchit un instant avec de lâcher :

-          Probablement … Laissant ses collègues le fuir, dégoûtés.

Cho dégaine son portable et fait son rapport au patron. Elle va apprécier la nouvelle idée de Jane !

 

Quartier général du CBI. Vers midi.

 

De retour au CBI l’ambiance n’est pas meilleure. Lisbon et Taylor semblent eux parfaitement détendus et devisent joyeusement sur les poursuites abandonnées, derrière la porte en verre de son bureau. Taylor s’en tire à bon compte. Tout tend à démontrer qu’il s’agit d’un coup monté contre lui. Des accusations douteuses, et anonymes. Envoyées par Internet. Ca ne fait pas sérieux. Sa présence sur les lieux du crime s’expliquant parfaitement par ailleurs, par les soupçons qu’il déclare lui-même l’avoir amené là, dans le cadre de son enquête.

 

Jane n’y croit pas un instant. Il est convaincu que c’est lui qui tire les ficelles. Difficile néanmoins de le prouver, tant qu’il ne s’agit que d’intuition. Pas suivi par ses équipiers, acquis à la cause de Lisbon, qui défend l’honneur de son ancien partenaire, il craint d’avoir à jouer serré pour les convaincre.

 

-          Je connais bien Taylor,  justifie Cho. Le patron et lui ont bossé en équipe pendant un an. Il est plusieurs fois médaillé. C’est un policier d’élite. T’as pas le droit de le salir comme ça.

Il n’a pas besoin de hausser le ton pour que Jane se rende compte de sa détermination. Dommage, il aurait préféré l’avoir de son côté.

-          Le patron ne l’a pas quitté depuis le premier meurtre. Comment il aurait fait pour les deux autres ? intervient Grace.

-          Le fait qu’il ne les ait pas tués tous, ne veut pas dire qu’il n’a pas tué du tout.

Jane a bien du mal à se faire entendre.

 

-          Et puis quel intérêt il aurait eu de mettre le CBI sur le coup s’il avait quelque chose à voir là-dedans, surtout ? Les appuie Rigsby.

Jane sent l’opposition se renforcer. Comment leur ouvrir les yeux ?

            mentalist-comment-convaincre-Cho-et-Rigsby.jpg comment leur ouvrir les yeux !

-          C’est ça qui  est super malin … il s’infiltre doucement … tente-t-il.

-          Un flic qui infiltre des flics, hein … tu vas pas recommencer avec ça. S’impatiente Kimball. Cette fois ça suffit.

-          Mais si ! Voyons Cho, réfléchis ! Qui mieux qu’un héros pour inspirer confiance ? Après, y’a plus qu’à …

-          Arrête ça. Cho est vraiment fâché. C’est du cinéma ! Et si tu crois qu’on va te suivre dans un délire pareil, t’es cinglé.

 

 

Taylor observe la scène du coin de l’œil. Satisfait de voir son plan si bien se dérouler. A l’évidence, l’équipe est divisée. Et il sait désormais, sur qui il peut compter. Lisbon lui doit trop pour ajouter foi aux élucubrations de Jane, qu’il a astucieusement provoquées. Et les autres membres de l’unité doutent de plus en plus de son état mental.  Il espère bien que Jane va s’enferrer dans ses contradictions. Et lui donner une occasion rapide d’en finir.

 

-          Tu devrais te méfier de lui Teresa. Ce type est dangereux. Lâche-t-il en matière d’avertissement. Regarde ce qu’il fait à ton équipe.

-          C’est rien, ils discutent. Dédramatise Lisbon.

-          Il finira par faire imploser le service. Insiste Taylor. Tu ne vois donc pas ce qu’il fait ?

 

 

                                                           Lisbon--c-est-rien.JPGc’est rien, ils discutent …

 

 

Il prend une pause. Pour laisser le temps à Lisbon de contempler le spectacle, dont il est l’heureux auteur. Patrick passe un mauvais quart d’heure. Tous deux assistent à son départ piteux. Ils n’ont pas pu entendre ce qui s’est dit, mais tout laisse penser qu’il vient de se faire vertement rembarrer.

-          Depuis que tu bosses avec ce maniaque, on ne te voit plus. Tu n’as plus le temps de rien. Il te fait courir après ses chimères. Il te coupe de tes amis. Il accapare tes hommes pour son usage personnel. Il serait temps qu’ils lui résistent ! Approuve-t-il.

Lisbon constate en effet une animosité certaine et inhabituelle envers Jane. Mais qu’est-ce qu’il leur a encore raconté ?

-          C’est vrai, que c’est un garçon un peu perturbé parfois, mais …

-          Perturbé et dangereux, Teresa. Dangereux. Regarde ce qu’il a fait à Bosco et son équipe ! Tu attends quoi ? Qu’il vous entraîne dans le même merdier ? Il a ce … psychopathe qui lui colle au train. Ils font bien la paire, tiens.

      Il pète régulièrement les plombs à ce que j’ai entendu … et il … ne supporte pas que

      tes anciens amis reviennent vers toi … Il te veut tout à lui.

      Il te manipule, il te manœuvre à sa guise depuis des mois. Ouvre les yeux ma pauvre

      Teresa ! Il aura ta  peau !

-          Tu dis ça parce que tu es en colère … mais il ne faut pas …

-          En colère ! ça tu peux le dire. Ce guignol claironne partout que je suis un meurtrier !

-          Il fait son boulot. Le défend encore Lisbon. Il a fait état de ses soupçons, au début mais …

-          … il continue ! Il n’admet pas ou ne veut pas admettre que tu prouves mon innocence.

-          C’est pas ce qu’il a dit …

-          Ah non ? Et qu’est-ce qu’il a dit ? Qu’est-ce qui se passe là ?

Il désigne Cho, Van Pelt et Rigsby, visiblement troublés.

Il cache à Teresa un sourire de prédateur satisfait qui n’aurait pas échappé à Jane.

 

 

 

Quelques heures après. Toujours au CBI.

 

Jane sort de son grenier aussi discrètement qu’il y est monté. Depuis qu’il en a l’usufruit, cet appentis situé tout en haut de l’édifice, lui sert de refuge. Ses siestes, plus clandestines, le coupent un peu plus de l’équipe, avec qui il sent un véritable froid depuis qu’il a accusé Taylor. Il passe ses doigts dans sa tignasse ébouriffée et ajuste sa veste froissée avant de se glisser dans la cuisine. Il lui faut un bon thé pour se réveiller. C’est la fin d’après midi après tout. Même si pour lui, c’est toujours l’heure du thé.

Alors qu’il se dirige vers son canapé préféré, il perçoit comme un malaise. Les trois personnes qu’il croise, détournent le regard.  Rigsby et Cho décident d’aller boire un café et quittent le bureau sans même le saluer.

Il croise Van Pelt en train de travailler sur son ordinateur. Elle lui lance un regard furtif et gêné.

-          Quoi ? … J’ai fait quelque chose ?  demande –t-il en passant près d’elle.

Elle s’affaire sur son écran sans répondre.

 

Jane soupire et va s’asseoir sur le canapé. Il s’apprête à porter la tasse à ses lèvres, quand un dossier vole par-dessus son épaule et tombe tout près, éparpillant un tas de feuilles autour de lui. 

 

-          Vous êtes un grand malade, vous savez ça.  L’invective Lisbon. Elle est en colère, visiblement.  Vous … ça, vous m’en avez fait … mais ce coup là, je ne suis pas prête de vous le pardonner !

 

Abasourdi, Jane encaisse sans broncher. Elle a les nerfs en pelote depuis qu’il a remis en question la loyauté d’un de ses anciens coéquipiers, venu chercher de l’aide auprès du CBI. Conscient que ça n’est pas le moment de répondre. Il suit Lisbon du regard quand elle repart dans son bureau. Il n’a pas tout compris. Il adresse à Grace une mine suppliante.  « C’est quoi ça ? » lit-elle sur ses lèvres, avant de replonger le nez dans son ordinateur. Jane pose sa tasse sur l’accoudoir et récupère une des pages échappées de la chemise. Il la lit, visiblement dépassé. Il lâche un énorme soupir avant de rassembler l’ensemble et se lève en hochant la tête.

                                              

 

                                                  Jane--m-enfin---JPGC’est quoi ça ?

 

 

 

Il rejoint Van Pelt, de plus en plus gênée.

-          C’est quoi ça ? lui répète-t-il en posant sur son bureau l’objet du délit.

                                               

 

 

-          C’est … hésite Grace, c’est une enquête informatique. Qui … t’accuse, en fait.

-          Qui m’accuse ? mais de quoi ?

-          D’être l’auteur des mails, dans le coup monté contre Taylor.

-          Quoi ?

« S’il joue la surprise, alors là il est très bon » se dit Van Pelt. Qui ne sait plus très bien ce qu’elle doit faire.

-          En tous cas, elle révèle que tous ces mails ont été envoyés depuis chez toi. Divulgue-t-elle.

-          Depuis chez moi ? Mais j’y suis presque jamais ! Et puis pourquoi je serais allé jusque là-bas pour …

-          Pour être tranquille …

-          Tranquille … je passe mes nuits ici. Y’a jamais personne. Il y a pas plus tranquille… pourquoi je …   Attends Grace … est-ce qu’il existe un moyen de faire croire que quelqu’un a envoyé des mails, sans que ce soit lui ? Dis …

-          Techniquement, oui, c’est possible, c’est un peu compliqué mais c’est possible.

-          Et toi … tu es capable de savoir si c’est ce qui est arrivé à mon ordinateur ?

-           Mais là, les spécialistes qui ont pondu le rapport sont formels …

-          Les spécialistes ?  Le rapport ? Mais qui leur a commandé ? 

-          Oh ça je ne sais pas … tout ce que je sais, c’est que le patron l’a reçu tout à l’heure … Elle était furieuse.

-          Grace. Patrick se penche sur elle et lui murmure à l’oreille :

Je n’ai pas envoyé ces messages. Mais je ne peux pas le prouver parce que n’y connais rien moi à ces trucs informatiques. Tu peux m’aider ?

-          Je ne sais pas si je dois …

-          Grace … tu veux que je te supplie ?

-          Je peux peut-être vérifier un ou deux trucs.    

 jane-grace-je-peux-verifier.JPG

Elle change de fenêtre et fait apparaître sur l’écran divers éléments auxquels Jane ne comprend rien.

Elle pianote quelques minutes en faisant « Non » de la tête. « C’est pas bon » pense-t-elle.

 

-          Non. Tout indique que les messages ont bien été postés de ton ordinateur personnel. Dit-elle tout aussi déçue que lui.

-          Mais c’est impossible je ne suis pas rentré depuis des jours … et surtout j’ai pas ouvert cet ordi depuis des siècles ... Elle le sent sincère.

-          Attends … continue-t-elle, en faisant défiler une liste de lignes de codes. Y’a quelque chose qui cloche …

-          Quoi ? Patrick reprend espoir.

-          Et bien, c’est bizarre. Parce que la plupart des mails envoyés ces jours-ci l’ont bien été de chez toi … mais là, je vois des adresses trafiquées … seulement deux. Juste deux fois, sur une douzaine, tu aurais envoyé un message à partir … d’ici. En trafiquant l’adresse pour que ça semble être parti de chez toi …

-          Seulement deux fois ? Pourquoi j’aurais fait ça ? Et pourquoi je n’aurais pas tout simplement envoyé tous les messages d’ici ? C’était plus pratique … et puis, je n’aurais pas été plus difficile à identifier ?

-          Si, c’est sûr.

-           Alors j’aurais tout fait pour me faire griller ?

-          Mouais, c’est un peu tordu.

Patrick se plante face à Van Pelt :

-          Tu me crois assez tordu pour faire un truc pareil ?

-          Humm … assez tordu … ça oui … t’as déjà fait des trucs pires …  mais pour être allé si loin … et dans quel but … j’avoue … je ne vois pas bien où tu aurais voulu en venir.

-          Grace …

-          Oui, bon … ben euh … d’accord. C’est très louche. Et si ça c’est du bidon … c’est peut-être bien … que … quelqu’un cherche à se débarrasser de toi.

-          Et tu crois pouvoir trouver qui ?

-          C’est fait. Sourit Garce en appuyant sur la touche entrée. Patrick se précipite derrière elle, et se penche pour lire par-dessus son épaule.

Ils regardent tous les deux l’écran avec attention.

-          Les deux messages truqués ont été postés du poste de … Cho. … ? …

-          Ça n’a pas de sens. Conteste Jane.

-          Sauf si … Cho a prêté son ordinateur à Taylor. L’autre jour, il avait soit disant sa déposition à taper. Et … ça, ça n’est pas le mot de passe de Cho.

-          Tu connais le mot de passe de Cho ?

-          Pas besoin. La session utilisée, n’est pas celle de Cho.  Si je peux craquer le mot de

  passe de celle-ci,  je pourrais relier l’utilisateur  aux mails et … démontrer qu’en fait c’est toi, qui as été floué.

-          Fais ça. Commande Jane en se relevant.

-          D’accord, je t’imprime ça dès que possible. Qu’est-ce que tu vas faire ?

-          Essayer d’expliquer tout ça à Lisbon. Répond-il en la quittant.

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 16:27

 

mentalist Lisbon en colère

-          Lisbon, je dois vous parler. Jane est entré sans frapper. Déclenchant une foudroyante colère.

-          Sortez ! hurle-t-elle.

-          Mais …

-          Fichez-moi le camp, je vous dis ! Je n’ai que faire de vos excuses ! 

-          Je ne viens pas pour m’excuser …

-          Bien sûr … ça aurait été trop beau ! Barrez-vous ! je ne veux plus vous voir ! Vous avez atteint les limites, Jane !

-          Vous devriez m’écouter.                

-          Je ne veux plus vous écouter ! Quoi ? Vous allez encore me servir un de vos romans à la con ? ça suffit ! J’en ai ma claque ! Qu’est-ce que vous allez m’inventer de nouveau ?  Une invasion extra-terrestre !

-          Rien de nouveau, Lisbon, rien de nouveau, juste vous expliquer …

-          Je ne veux pas de vos explications ! vous allez encore essayer de m’embrouiller … pour me faire prendre des vessies pour des lanternes ! Ce que vous avez fait est ignoble ! ça n’a pas de sens commun ! vous méritez d’être viré ! C’est …

Elle reprend son souffle, au bord des larmes.

            Vous m’avez déçue, Jane. Se calme-t-elle. Inventer un truc pareil c’est impardonnable…

 

-          Je n’ai rien fait Lisbon, se défend Patrick maladroitement. C’est vous qui êtes naïve. Il y a bien un affreux manipulateur dans ce bureau depuis quelques jours … mais vous vous trompez de bonhomme. Vous préférez croire que c’est moi parce que vous avez peur d’être déçue. Vous ne voulez pas admettre avoir été trahie par un homme en qui vous avez toute confiance depuis si longtemps et qui vous a fait grandir dans cette belle famille qu’est la police. Vous redoutez plus que tout de voir encore une fois écornée la belle image du Père.

La pique la touche plus qu’il n’aurait voulu. Il la regrette quand il voit les larmes lui monter aux yeux.

-          Je ne suis pas votre marionnette Jane. Répond-elle gravement. Vous m’avez arnaquée ! Manipulée ! C’est pas la première fois que vous me roulez dans la farine, mais là … Elle lui jette un regard mêlé de dédain et de colère froide.

Vous avez définitivement perdu ma confiance. Vous vous êtes attaqué une fois de trop à quelqu’un que j’aime … c’est insupportable, Jane. Vous comprenez ! In-su-por-table !

Déstabilisé par le sincère chagrin de son amie, Patrick a bien du mal à réagir. Il ne sait plus s’il doit d’abord la consoler ou lui dire la vérité. Et puis comment du coup, si elle refuse de le laisser parler. Il prend le risque de lui laisser dire ce qu’elle a sur le cœur.

 

-          Vous êtes un dangereux maniaque ! Vous ne me referez pas le coup de Bosco ! …

Tous les deux repensent aux douloureux moments passés. Jane se sent fautif de la mort de leur collègue. Il ne peut pas en vouloir à Teresa de remettre ça sur le tapis.

-          Ça n’a rien à voir … tente-t-il.

-          La ferme ! le harangue-t-elle, submergée par les images terrifiantes du carnage de l’équipe de Bosco.

 Les yeux pleins de larmes, elle fixe Jane un instant … son front se barre de rides en repensant à ce qu’il lui a dit après que les deux hommes se soient rencontrés et tout de suite détestés.

 

 

«  Je ne ferais rien » avait répondu Jane quand elle lui avait demandé comment il allait réagir au fait que Bosco l’ait évincé.

«  Si vous vous asseyez au bord de la rivière et que vous attendez assez longtemps, vous finirez par voir les corps de vos ennemis passer devant vous … » avait-il dit avec un sourire énigmatique. Ce souvenir lui inspire tout à coup un doute affreux.        

                                           

 

Qu’il le fasse exprès ou non, le résultat est le même pense-t-elle.

 

-          C’est ça le problème avec vous Jane ! Vous vous en fichez de ce que les autres ressentent ! Vous n’êtes qu’un sale égoïste. Vous ne mesurez pas les conséquences !  Vous n’avez aucun égard pour ceux qui vous entourent, pas même pour vos proches ! … ça vous est égal ce qui peut bien leur arriver pourvu que vous ayez raison … vous êtes prêt à tout  … peu importe qu’ils aient à en souffrir ou même si vous les entraînez  à la mort !

 

C’est un coup de poignard dans le cœur pour Patrick. Le monde s’écroule à nouveau pour lui. Il éprouve la même affreuse sensation que lorsqu’il a lu la lettre de John le Rouge, accrochée sur la porte de sa chambre. S’il reste là, la porte va s’ouvrir à nouveau. L’horreur va fondre encore sur lui. Il reste interdit une minute, le souffle coupé. Il a tellement blêmi que Lisbon se rétracte :

-          Non Jane, c’est pas ce que je voulais dire 

Il tourne les talons. Hésite un instant. Doit-il rester et affronter cette tempête pour tenter de la convaincre ? C’est au dessus de ses forces.  Elle finira par apprendre la vérité de toute manière. Sa poitrine se serre, il a besoin d’air.  Il n’entend pas quand elle le tente de le retenir.

 

-          Jane, attendez … c’est de Bosco que je parlais …  de Bosco …

 

                

                       

 

                                            jane vous devriezJane reste interdit, le souffle coupé, il blêmit …

 

Jane sort du bureau hagard. Il percute de l’épaule  Rigsby, alerté par les éclats de voix.

-          Hey mais qu’est-ce qu’il y a Jane ?  Hey ! … mais ça va pas !

Wayne le regarde s’éloigner comme s’il fuyait la peste.  La porte de Lisbon est entrouverte, il passe timidement la tête :

-          Ça va patron ? je peux faire quelque chose ? Teresa lui tourne le dos, elle ne veut pas qu’il la voie pleurer.

-          Ça va Rigsby. Oui. Vous pouvez me laisser. J’ai besoin d’être seule.

-          Bien, euh … bien … Rigsby referme doucement la porte et rejoint Cho, retourné à son bureau.

-          Qu’est-ce qu’il a encore fait ? demande Kimball avec son calme légendaire.

-          Je sais pas, mais y’a eu un clash. Il l’a fait pleurer.

-          C’est pas vrai. S’exaspère Cho, mais qu’est-ce qui lui arrive en ce moment ? Il cherche quoi là ? Il a vraiment pété une durite !

 

-          Qu’est ce qui se passe encore avec Jane ? Je viens de le croiser. Il est parti tout triste.

 

Van Pelt arrive avec un paquet de feuillets à la main, inquiète de voir la tête que font ses camarades.

-          Ca a chauffé avec le patron. Explique Rigsby.

                               Wayne bien embêté 

 

 

-          Ah oui rapport à ce qu’il a découvert. Elle agite les feuilles qu’elle rapporte de l’imprimante.

-          A ce qu’il a inventé. Rectifie Kimball, avec une moue désabusée. Il dépasse les bornes, vraiment.

-          Non ! Objecte Grace. Il a raison. Tout ça n’est qu’un gros coup monté ! Mais bien plus gros que ce qu’on imagine ! Et ça c’est la preuve.

Van Pelt éparpille les pages sur le bureau de Cho et en commente le contenu à ses collègues, éberlués.

 

-          Alors tout ce temps, quand on a cru que c’était Jane qui harcelait Taylor, en fait, 

c’était tout le contraire ? constate Rigsby, un peu honteux.

-          Mais ce qu’on a pu croire pour l’un est valable pour l’autre … comment on sait si c’est Taylor ? Cho reste dubitatif.

-          En fait, on sait pas … se désole Grace. C’est juste que c’est le plus logique.

-          Tu veux dire qu’y a pas moyen de le prouver ?  Cho boue littéralement d’impatience.

Elle répond par une moue de déconvenue.

-          En fait … hésite-t-elle, il suffit d’avoir ses entrées au CBI. Ca aurait pu être Jane, ça pourrait être Taylor ou … n’importe qui d’autre.

-          Il va falloir faire le ménage … soupire Rigsby en jetant un regard circulaire.

Ils partagent tous les trois la même inquiétude, l’œil circonspect.

 

-          Bon sang ! Il faut que le patron voie ça ! Cho ramasse les documents à la hâte et se lève d’un bond.

 

 

A peine dans le bureau de Lisbon les trois compères s’empressent de lui expliquer la situation. Van Pelt comprend alors que le patron n’a pas laissé à Jane le temps de s’expliquer.

 

-          Oh mon Dieu, souffle Teresa en parcourant les papiers avec désespoir. Je lui ai dit des horreurs ! Où est-il ?

-          Euh … il a dit qu’il rentrait chez lui. Il avait l’air déprimé. Dit Van Pelt, tout à coup très inquiète.

-          Bon Dieu pourvu qu’il ne fasse pas une bêtise. Se lamente Lisbon tout à coup submergée par le remords.

-          Ouais … enfin ça c’est pas le pire … souligne Cho.

Ils se tournent tous vers lui, attendant sa réflexion.

          Si c’est vraiment Taylor qui est derrière tout ça. Jane vient de tout foutre parterre. Il ne

          le laissera pas s’en tirer comme ça.

                                                    the-mentalist-saison-3-image-394922-article-ajust 650 

L’équipe redevient soudain elle-même. L’un des leurs est en grave danger.

-          On y va ! ordonne Lisbon déjà presque dehors.

 

 

-          Cho, Van Pelt, faîtes venir les renforts. On fait ça dans la plus grande discrétion. Pas de sirène, pas de gyrophares.

Lisbon briefe son équipe en marchant vers les voitures. Ils enfilent leurs gilets pare-balles en acquiesçant.

-          On entre en douceur, on localise, on analyse, compris ?  ordonne le patron. Ils confirment d’un oui de la tête, tous les trois concentrés, les lèvres serrées.

 

-          ON RESTE CALME SURTOUT. Conclut Lisbon.

 

      Ils gagnent chacun leur véhicule en vérifiant leurs armes. 

 

 

 

 

Domicile de Patrick Jane. Début de soirée

 

La nuit est tombée depuis plus d’une heure. La DS bleue roule lentement à l’approche de chez lui. Il s’engage dans l’allée et stoppe devant la porte du garage. Patrick reste quelques minutes au volant, plongé dans une intense réflexion. Quand il se décide à sortir il jette un regard inquiet vers la maison. Il marche prudemment, presque hésitant. Ramasse mécaniquement les quelques enveloppes qui débordent de la boîte aux lettres.

Il laisse échapper un long soupir en tournant la clé dans la serrure.

 

Il entre sans faire de bruit. Pousse la porte derrière lui, sans la refermer complètement. Il pose le courrier et son trousseau de clés sur le guéridon dans l’entrée et avance vers le salon sans allumer la lumière. Il connaît bien la maison et la faible lueur de l’éclairage public qui vient de la rue lui suffit amplement. Pourtant, aujourd’hui, comme il y a quelques années, il a un mauvais pressentiment. Tout semble normal mais rien n’est pareil à d’habitude. Quelqu’un est entré et a touché ses affaires.

 

Dans le salon il va droit à la console sur laquelle il laisse son ordinateur. Il n’a qu’à appuyer sur le bouton pour l’allumer. Il le consulte rapidement en restant debout, à peine penché. Il sent comme une présence dans son dos. Mais ne se retourne pas tout de suite. Fait comme si de rien n’était et continue à naviguer sur sa messagerie. Il soupire avant d’éteindre l’écran. Mais prend soin d’activer la caméra avant de se retourner. Quoiqu’il arrive, tout ce qui va se passer à partir de maintenant, sera enregistré.

 

-          Félicitations ! La voix de Taylor claque comme un coup de fouet dans la nuit.

Je savais que vous alliez comprendre très vite. Vous êtes si brillant Patrick. C’est vraiment dommage qu’on ne puisse pas arriver à s’entendre. Vous auriez fait une merveilleuse recrue !

Assis dans un fauteuil à moins de vingt pas, un pistolet automatique sur les genoux, Taylor toise Jane qui s’est figé. Il choisit de ne pas répondre.

Exprimant simplement du regard tout le mépris que lui inspire son interlocuteur. Pas besoin d’interrogatoire. Ce genre d’individu se plait si bien à fanfaronner. Il ne sera pas bien visible sur l’enregistrement mais son discours fielleux restera gravé sur le disque dur.

 

-          Oui c’est vraiment dommage. Il fallait faire un choix. Au début nous avons hésité, vous savez… vous êtes pourtant le candidat idéal. Vous avez la motivation. Vous auriez pu comprendre les nôtres. Vous nous auriez été précieux … si seulement, vous n’étiez pas si instable. On ne sait jamais sur quel pied danser avec vous. … je vous ai observé … ricane-t-il avec un haussement d’épaules dédaigneux.

Vous êtes si plein de contradictions. Impossible de savoir où se situe vraiment votre limite sur le plan moral. Vous comprenez le concept, vous l’approuvez même j’en suis sûr, dans certains cas … mais … vous n’êtes pas fiable …

Je ne sais même pas si vous auriez eu la force de mener votre propre vengeance à son terme. Teresa a fait de vous un agneau. Mais consolez-vous, on s’occupera de John Le Rouge pour vous. On vous doit bien ça …

Il fait une pose. Prend calmement le pistolet en se levant. Il le pointe sur Jane en ordonnant :

-          Retirez votre veste.

 

                                                   

-          Je ne suis pas armé. Répond Patrick en écartant les pans de son veston.

-          Je sais. Otez-la doucement et tendez-la-moi.

Jane s’exécute en déglutissant. Taylor s’empare du vêtement par le col et fouille les poches en menaçant toujours son prisonnier. Il en sort son téléphone. L’examine promptement et l’éteint. Il le replace dans la poche avant de jeter la veste sur le fauteuil, derrière lui.

 

-          On va se mettre à l’aise. Explique Taylor en agitant son flingue pour montrer la direction à prendre. Dans la chambre. … Vous devez être fatigué. Vous allez pouvoir vous reposer. Définitivement.

-          Alors c’est ça, la prochaine étape ? relance Jane pour lui faire avouer tout le plan.

-          Eh bien oui, vous vous en doutez, n’est-ce pas … répond Taylor, fier de l’avoir piégé. Vous ne nous laissez pas le choix. Je regrette sincèrement, croyez moi. J’aurais préféré ne pas avoir à vous sacrifier pour la cause … mais sachez que nous vous gardons toute notre estime. Vous êtes juste du mauvais côté de la barrière, voilà tout.

-          Et vous, vous êtes du bon ? ne peut s’empêcher d’ironiser Jane.

Taylor soupire bruyamment.

-          Allons, allons Jane. Nous n’avons plus le temps pour ça. J’aurais bien aimé philosopher avec vous … mais là …

-          Qu’est-ce qui presse ? Jane n’est visiblement pas impatient d’aller à l’abattoir.

-          Oh en effet … plus grand-chose … mais pour commettre l’irréparable, on est juste dans les temps … Vous avez compris ? C’est le moment idéal pour un coup d’blues. Votre sortie de tout à l’heure, au CBI, a admirablement servi la fin que je vous prépare … Oui, j’ai encore mes informateurs … siffle-t-il comme un serpent malfaisant. .. 

     Tout le monde est convaincu que vous avez pété les plombs depuis quelques jours.

      Vous avez fait le vide autour de vous.

-          Vous. Rectifie Jane. Vous … avez fait le vide.

-           Oui. Confirme Taylor avec un sourire cynique. Qui s’étonnera après,  que vous en ayez eu assez de tout ça ? …

… Plus de famille, plus d’amis … vous allez choisir quoi cette fois Patrick ? La corde ? Une balle ? Ou … comme la première fois … vous trancher les veines ?

 

Un frisson lui parcourt le corps. Patrick réalise que le danger est immense. Et combien il va souffrir si personne ne vient à son secours. Ce qui lui paraît plus qu’aléatoire, à ce moment précis. Mais bizarrement, la peur ne le paralyse pas. Il est calme et cherche une échappatoire, en dépit du peu d’espoir. L’autre ne lui laisse pas une chance de le regarder dans les yeux, ni de lui parler assez longtemps pour lui donner la main. Il garde le contrôle.

                                      

                                                    

 

-          Allez … invite Taylor presque courtoisement. Appuyant l’ordre par un mouvement du poignet significatif. Il agite son arme pour mieux lui faire comprendre qu’il fera son œuvre de toute façon. Ici ou ailleurs.

 

Jane passe devant lui et sort du salon les mains levées au niveau de la poitrine. Taylor lui emboîte le pas et le pousse du plat de la main vers l’escalier. Ils marquent un temps d’arrêt, évaluant tous les deux la distance qui les séparent du drame.

-          Traînons pas. S’impatiente Taylor.

 

Jane monte une marche puis deux. Lentement, il gravit sa sinistre route.

A mi-chemin il se retourne brusquement et dans une manœuvre désespérée, déstabilise son adversaire. Taylor s’accroche à lui et ils roulent tous les deux en bas de l’escalier. Jane entend comme un craquement mais son taux d’adrénaline est au maximum et il ne ressent aucune douleur. Il prend le dessus.

    - Petit con ! lance le flic avec rage.

Jane tente de lui arracher son arme. Mais la prend en pleine face. Taylor l’éjecte sur le côté. Jane parvient à le désarmer d’un coup de pied. Le pistolet voltige jusqu’à la porte d’entrée. Taylor se relève péniblement, Jane pendu à sa jambe. Il cherche encore à le faire tomber. Taylor renverse le guéridon sur Jane pour se dégager. Il attrape le meuble par le pied et frappe à l’aveuglette. Jane est forcé de lâcher prise et esquive. Le plateau de la petite table s’est envolé et armé de la lourde colonne de bois massif Taylor s’apprête à frapper encore. Jane a juste le temps de se protéger la tête avec les bras. Son agresseur lui assène un coup violent qui l’assomme à moitié. Cette fois-ci, il sent bien la douleur. Il a l’impression que son bras est en mille morceaux. Le sang dégouline. Il ne voit pas bien d’où. Emporté par son élan Taylor est tombé à genoux. Il se relève et lui envoie plusieurs coups de pieds dans le ventre. Encore des craquements. Jane suffoque. Il se met en boule, tente de parer les coups. Mais Taylor est le plus fort. Il finit par ne plus bouger. Attend la mise à mort.

 

Taylor s’arrête enfin de le battre. Il respire fort. On sent de la colère et de la fatigue. Il recule en ne perdant pas de vue sa victime. Récupère son automatique.  Et revient se poster au dessus de Patrick. Il le tient en joue en grommelant.

-          Espèce de petit fumier. Tu pensais pouvoir m’avoir. Mais qu’est-ce que tu crois ? Parce que tu es plus jeune, t’as cru que t’aurais le dessus ! Pathétique … siffle-t-il en hochant la tête.  Trente ans dans la police, merdeux ! Tu imaginais que j’avais cessé de m’entraîner peut-être …

Il lance un dernier coup de pied avec mépris, qui fait rouler Patrick sur le côté. Laissant voir son visage tuméfié. Les deux hommes essoufflés, se toisent une minute.

 

                                        

 

 

-          Allez-y. Vous pouvez me tuer maintenant. Lâche courageusement Patrick. Vous aurez du mal à faire croire à mon suicide …

 

 

-          C’est vrai. Constate son bourreau avec cynisme. Mais c’est pas bien grave … petit malin ! Avec tous les ennemis que tu t’es fait … on aura pas de mal à inventer un nouveau scénario. Pourtant le suicide ça aurait eu de la classe ! Et puis ça m’aurait mis en position de force vis-à-vis de Teresa. Elle aurait tellement culpabilisé, que j’aurais eu beau jeu de la consoler … mais tant pis … on va trouver autre chose.

 

Il se penche vers sa proie et le tire par le bras sans ménagement.

-          Relève-toi ! On va arranger ça là-haut. Debout !

Jane se laisse soulever par son tortionnaire, à bout de forces. Remis sur pieds, il est bousculé jusqu’à l’escalier.

-          Grimpe ou je t’abats sur place ! hurle Taylor avec impatience.

Il le force à monter et le pousse pour accélérer le mouvement. Jane vacille, incapable même de tenir la rampe, les bras ballants, tel un pantin désarticulé.

-          Avance ! insiste Taylor agacé. Tu peux être content. Tu vas finir en beauté. Qu’est que tu en penses ? Si on disait que tu vas enfin l’avoir … ton ultime rendez-vous avec ton vieil ami, John le Rouge … hein ?

Il balance un coup de pied dans la porte tout en haut de l’escalier. Et fait apparaître la vision tant redoutée. L’affreux pictogramme leur saute aux yeux, en dépit de la pénombre. Taylor attrape Jane par les cheveux et le pousse à l’intérieur.  Ils sont là tous les deux, debout devant le matelas, unique meuble de la pièce. Taylor le force à regarder la figure grimaçante et semble se délecter de le sentir prêt à tourner de l’œil.

                                                      

 

 

-          Sois heureux. C’est là que tu vas mourir. Comme ta charmante épouse… Prêt à rejoindre ta petite famille ?  murmure-t-il à son oreille pour remuer un peu plus le couteau dans la plaie. … Quand j’aurais dessiné un nouveau smiley à côté du sien avec ton sang … personne ne doutera que c’est John le Rouge qui t’a saigné …

 

Hypnotisé par l’image sur le mur, Jane ignore la menace. Il pense juste à sa femme. Presque résigné. Il se dit qu’il va enfin savoir ce qu’elle a ressenti. Taylor lui arrache pratiquement la tête en le tournant vers lui. Il veut lui faire face pour lui raconter les horreurs qu’il s’apprête à lui faire endurer.

-          Mais rassures toi, je ne suis pas John le Rouge. Et je ne vais pas te charcuter comme il l’aurait fait … non … je crois que tu as assez souffert, là … On va dire que … je vais te mettre une balle dans la tête avant de te découper. Comme ça, tu sentiras rien …

Un sourire sadique ponctue son exposé.

Jane est incapable de répondre. Et puis qu’est-ce qu’il aurait à dire. Il n’a qu’une hâte, c’est d’en finir. Il n’a plus vraiment mal. Il se sent complètement vidé. Il ne tient debout que parce que son assassin le soutient maintenant par l’emmanchure de son gilet.

Libre de tourner la tête, il prête l’oreille au son d’une voiture qui semble se garer dans l’allée.  Taylor a entendu, mais il pense aux voisins.

-          Non, non, siffle-t-il avec mépris. Compte-pas là-dessus. Personne ne viendra à ton secours. T’as oublié ? T’as même plus d’amis. …On y est Patrick, c’est le bout de la route. Tu vas mourir ici. Tout seul. …

 

 

                                                  

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-          Pas tant que tu crois Robert. Prononce Lisbon d’une voix calme et déterminée en entrant dans la chambre. Lâche ton arme ou je tire.

Elle avance à pas lents, tandis que Taylor surpris, réagit très vite. Il ramène Jane à lui et le saisit par le col. Il pointe le canon de son arme sur sa tempe et hurle :

-          Tu crois pouvoir le faire avant que j’aie repeint le mur avec sa cervelle ? 

Il fait de Patrick son bouclier et cherche à compter du regard le nombre de flics qui la couvre.

 

-          Alors c’est ça. Répond Lisbon toujours aussi calme. Tu veux jouer au cow-boy. A celui qui sera le plus rapide ?

Elle lance un regard furtif à Jane et croise le sien, implorant, au bord de l’évanouissement.

 

-          Alors tu es venue finalement. S’interroge le ripou. Je croyais bien t’avoir convaincue, pourtant.

-          Oh malheureusement tu l’as fait. Continue-t-elle sur le même ton. Et je le regrette. Mais j’ai aussi de vrais amis au CBI, tu sais … et ils m’ont ouvert les yeux.

-          Je vois ça. Ricane son ancien mentor, déçu.

 

-          Qu’est-ce que tu vas faire ? Lisbon reprend la main :

Tu vas le tuer c’est ça ? Et après ? On va tous vider nos chargeurs sur toi pour le venger ? C’est ce que tu veux ? Pourquoi ? … Parce qu’il te rappelle tout ce que tu n’es plus ? …C’est vraiment ce souvenir là que tu veux laisser ?  Celui d’un psychopathe  qui a assassiné un innocent … parce qu’il représente tout ce que tu as jeté aux ordures … parce que lui …c’est un homme … honnête, droit et juste … et que toi tu n’es plus qu’une pourriture ? !

 

                           

                                          

 

Ses joues sont rouges de colère mais Lisbon contient sa peine en apercevant le petit sourire que Jane vient d’esquisser en entendant ses paroles. Il peut bien mourir maintenant qu’il sait qu’elle ne le juge pas si mal.

 

-          Eh bien … souffle Taylor, impressionné. On dirait que tu y tiens sacrément à ce gars là …Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a fait dis moi, pour mériter autant ?

 

Il y a bien au moins vingt personnes à cet instant dans la maison mais on aurait pu entendre une mouche voler, si ce n’était la respiration saccadée de Jane qui trahit son état critique et fait mal à tout le monde. Tous sont suspendus aux lèvres de Lisbon qui répond, en détachant bien ses mots.

-          Cet … homme … m’a sauvé la vie. Et je ne te laisserai pas la lui prendre.

 

Taylor comprend vite à quel point elle est sérieuse. Mais ne peut s’empêcher d’ironiser.

-          Il t’a sauvée ? Lui ? répète-t-il en arborant une moue incrédule, tout en redressant

Jane, dont les jambes se dérobent. Il plaque cette fois son 45 sur sa joue. Jane réagit mollement mais affiche une véritable souffrance. Il est à bout.

 

-          Il a tiré sur une ordure qui pointait un flingue sur moi, répond-elle du tac au tac.

Toujours aussi calme. Et je vais faire pareil si tu ne te rends pas.

-          Il a …

Il approche le visage de Jane du sien : Tu as vraiment fais ça ?

Jane n’a la force que de hocher la tête. Mais ses yeux répondent clairement «  Oui, finissons en ! »

Et Taylor de continuer :

-          Chapeau. Et tu t’es battu comme un lion pour pas qu’on croit que t’es mort comme un lâche… t’aurais fait un bon flic, finalement …

 

Tout le monde se demande ce que veut dire cette marque soudaine d’admiration. 

Taylor décolle enfin le pistolet du visage de Jane. Recule un tout petit peu en le maintenant en joue. Son doigt effleure la gâchette, mais c’est le cliquetis du chien qui revient en position de sécurité qui achève la scène. Patrick ferme les yeux en baissant la tête avec un soupir de soulagement.

 

-          Bravo, petit. Souffle Taylor en abaissant son arme. Il lâche enfin Patrick qui chancelle.

 

-          Rigsby ! ordonne Lisbon en gardant son ex-collègue dans sa ligne de mire.

 

Rigsby se précipite et le déleste de son arme, qu’il tend à Cho arrivé à la rescousse. C’est Rigsby qui menotte le criminel, tandis que Lisbon rengaine son  Glock et rattrape Jane avant qu’il s’écroule.

 

-          Jane ! Attention … Doucement … vous êtes blessé.

… Là … il faut vous asseoir. L’ambulance est en route.

Elle s’agenouille pour l’aider à se poser sur le matelas à même le sol. Et vient s’asseoir à côté de lui.  Elle le serre dans ses bras avec fébrilité. Et se met à le palper sur tout le corps.

-          C’est rien … souffle Jane en grimaçant. Juste quelques égratignures … pas besoin de toubib …

 

Lisbon continue à l’examiner. Elle entrouvre sa chemise et met à jour des contusions multiples. Il ne peut plus bouger son bras ensanglanté, et gémit quant elle le touche.

-          C’est ça. Objecte-t-elle en fronçant les sourcils. Au moins deux ou trois côtes cassées … vous aurez de la chance s’il n’y a pas hémorragie interne …

                                                         

-          Ah …Juste quelques blessures défensives … explique-t-il dans un soupir. Si jamais … il avait réussi à me tuer… je ne voulais pas que ça ait l’air d’un suicide … vous …

     …vous n’auriez pas laissé passer ça … hein … vous auriez enquêté …

     …vous auriez trouvé la vérité. C’est ça l’important …

 

-          Oh non, pleurniche-t-elle. Ce qui est important, c’est que vous soyez vivant ! Mon Dieu, s’il vous avait tué … je m’en serai voulu toute ma vie !

 

-          Oui, je sais … c’est trop douloureux … je voulais pas …

                                                                                                                                  

-          Je suis tellement désolée, Jane. Le coupe-t-elle des sanglots dans la voix. Pour ce que je vous ai dit. Je ne le pensais pas. Vous m’aviez fait mal, alors j’ai voulu vous faire mal aussi. Mais la différence c’est que vous, vous aviez raison. Ce que vous avez dit c’était vrai et c’était pour me protéger. Moi ce que j’ai dit est horrible. C’était injuste et méchant.

 

-          Non.  … Lisbon. Faut pas vous en vouloir … répond Jane haletant. C’était dur à entendre pour vous … je m’y suis mal pris. J’ai bien compris … c’est vrai … ça fait mal, mais … je sais …

Il prend une inspiration douloureuse et continue :

      - … vous étiez plus sincère quand vous m’avez sauvé tout à l’heure … sourit-il avec ironie, en levant sur elle des yeux remplis de larmes mêlées de sang.

 

-          Oh oui. C’est sûr. Sanglote Lisbon en tirant un mouchoir de sa poche.

 

Elle essuie les marques de sang sur son visage et caresse ses cheveux tendrement. Elle laisse sa main derrière sa tête pour la soutenir. Elle sent qu’il va défaillir.

-          Tout ça je le pensais. Jane. Vous êtes le meilleur homme que je connaisse.     

                         

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Il a beau être déjà à demi inconscient, cette remarque lui arrache un rire nerveux.

-          N’en faîtes pas trop Lisbon … murmure-t-il dans un souffle. Je verrais bien un docteur, maintenant …

-          Il arrive, il arrive … répète Teresa sur un ton rassurant, alors qu’elle jette à Cho un regard inquiet.

Cho acquiesce, rassuré par cette pointe d’humour, en tendant l’oreille. On entend une sirène au loin.

 

-          Lisbon …

Jane n’a pas le temps de finir. Sa tête tombe en avant, retenue avec délicatesse par Teresa qui le serre contre elle. Elle et Kimball échangent un regard lourd de sens.

 

 



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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 16:26

 

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Hôpital Général de Sacramento.

 

Le jour pointe sur l’hôpital. Par la fenêtre, un rayon de soleil fait son chemin à travers les lamelles du store. Eclairant la chambre d’une faible lumière orangée.

 

Patrick ouvre faiblement les yeux. On l’a installé à demi assis dans le lit. Bien calé par deux gros coussins, pour ne pas qu’il bouge. Histoire que ses os brisés et ses membres meurtris tiennent bien en place. L’avant bras droit plâtré, le gauche branché à un goutte-à-goutte, il se sent un peu coincé. Il laisse échapper un long soupir. Fronce un sourcil douloureux.

 

Il tourne la tête lentement et découvre le panorama de la pièce. Un sourire illumine son visage lorsqu’il aperçoit Lisbon, avachie dans le fauteuil tout près. Elle dort profondément. Il se sent moins seul tout à coup.

 

La porte s’ouvre doucement. L’infirmière apparaît souriante, une boîte enrubannée à la main.

 

-          Bonjour Monsieur Jane. Chuchote-t-elle en lançant un regard complice en direction de Lisbon.  Vous avez bien dormi ?

-          Bonjour, répond Jane lui aussi à voix basse, avec une moue de connivence.  Bien, merci. Ça fait longtemps qu’elle est là ?

-          Elle vous a veillé toute la nuit. Voulez-vous que je la réveille ?

-          Non, non, surtout pas. Laissez-la se reposer. S’il vous plait. Elle l’a bien mérité.

 

Toujours souriante, l’infirmière pose délicatement la boîte sur les cuisses de Jane, et s’enquiert du goutte-à-goutte.

 

-          Je dois ajuster ça, dit-elle en s’avançant avec précaution.

 

Elle règle le débit de la médication et lui adresse l’air réjouit, en pointant du menton la table de nuit encombrée de cadeaux :

-          Encore des chocolats. Il faudra éviter de les manger tous. Sinon on va devoir vous garder plus longtemps pour soigner votre crise de foie.

      … Vous avez beaucoup d’amis on dirait.

-          On dirait … soupire Jane.

-          En tous cas ceux qui ont passé la nuit dans la salle d’attente ont l’air vraiment inquiet pour vous ! On a eu beau leur dire que tout allait bien et que vous allez vous en remettre, ils ont refusé de partir avant de vous avoir parlé.

-          C’est vrai ? exhale Jane en sursautant alors qu’elle effleure son bras.

-          Hum, hum, acquiesce-t-elle. Vous vous sentez assez bien pour les recevoir ou vous préférez que je leur dise de repasser plus tard ?

-          Non, dites leur de venir, sourit-il, touché par leur persévérance. Sinon ils sont bien capables de camper.

-          C’est bien ce qu’ils ont commencé …

 

Un gémissement l’interrompt. Lisbon s’étire en soupirant.

-    Ah, Jane, vous êtes réveillé, baille-t-elle.

-    Vous aussi à ce que je vois, se moque-t-il.

-    Han … oui, je me suis assoupie, je suis désolée …

« Ca ne fait rien. » semble-t-il répondre d’un haussement d’épaule.

 

Elle se lève, un large sourire aux lèvres et s’avance en écarquillant les yeux.

 

-          Comment vous vous sentez ? demande-t-elle avec douceur.

 

 

                                                     mentalist-jane-s-en-sort-bien.jpg   

 

 

Jane inspire bruyamment et affiche son sourire le plus ironique :

-          A vrai dire … pour être honnête … je sens rien. Je suis chargé comme une mule … alors, en fait, j’ai même pas mal.

-          Je ne parle pas vraiment de ça … souffle Lisbon en touchant délicatement les doigts qui émergent du plâtre.

« C’est comme si elle les comptait pour être sûre qu’il n’en manque pas », se dit Jane qui apprécie.

-          Je veux dire, dans votre tête … comment ça va là ? reprend-elle en approchant son visage de celui de son ami,  pour mieux lire au fond de ses yeux.

-          Je vais bien. Assure-t-il en penchant la tête. Esquissant du bout des lèvres un rictus pas vraiment convaincant.

-          Je le voudrais tant … tout ça c’est ma faute …

 

Il n’a pas le temps de la contredire. La porte s’ouvre en grand et la lumière s’allume.

Cho s’engouffre dans la chambre. Il fonce littéralement sur Jane.

-          Enfin réveillé ! lance-t-il. C’est pas trop tôt ! J’avais hâte de venir te présenter mes excuses.

                                                 GW243H203.png Cho, plutôt content …

 

 

La main en avant, parti pour serrer celle de son collègue, il se ravise et la pose sur son poignet, en prenant garde de ne pas toucher l’aiguille enfoncée dans sa veine. Une simple pression, empreinte de sympathie fait office de salut et acte de contrition. Ses doigts glissent jusqu’à la paume et là c’est Jane qui referme les siens sur la main de Cho. Et la serre avec ses pauvres forces.

-          Arrête, souffle Jane en secouant insensiblement la tête. Tu n’as pas d’excuses à me faire … j’ai été imbuvable …

-          Non, c’est pas vrai. T’as été tout ce que tu as toujours été. Je regrette. J’aurais dû te faire confiance.

-          On aurait Tous, dû lui faire confiance. Insiste Lisbon.

 

-          Moi aussi je te demande pardon. Renchérit Rigsby en s’approchant à son tour.

-          C’est ridicule. Tente de démentir Jane. C’était pas votre faute …

 

-          Et bien moi, je ne m’excuserai pas. Lâche Van Pelt sur un ton mutin. Parce que moi, je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai jamais douté de toi. Et je t’ai même aidé.

Elle passe fièrement devant les deux hommes et adresse à Jane un sourire entendu, les yeux pétillants de satisfaction.

 

-          C’est vrai. Merci Grace. Approuve Jane, un brin railleur. Tu veux un chocolat ?

Il fait sauter le couvercle de la boîte avec le bord de son plâtre. Et la pousse vers ses amis.

 

-          Hum … c’est pas de refus. Je meurs de faim ! répond la jolie rousse en piochant

dedans. Elle porte à sa bouche un des bonbons et se délecte, histoire de provoquer ses compères.

-           Allez-y. Servez-vous les garçons. Propose à nouveau Jane. Il paraît que c’est bon pour le moral !

 

Cho et Rigsby s’exécutent avec délice et font semblant de se battre pour la même friandise.

-          Hum, celui-là est à l’alcool … bredouille Rigsby la bouche pleine. Tu pourras pas en manger avec tes médocs … je les prends. Et il se ressert.

 

Cette fois c’est un vrai sourire qui s’accroche aux lèvres de Jane. Il rit de bon cœur et se tourne vers la boss.

-          Lisbon …  propose-t-il, en poussant la boîte vers elle … dépêchez-vous …

 

 

 

                 Lisbon heureuse 2 

 

 

 

 

Elle aussi affiche une bonne humeur bienvenue, après tant d’heures sous pression. Elle pose une main affectueuse sur son épaule et la serre doucement.

Elle pique une bouchée et la gobe sous l’œil gourmand de Jane. Il fait mine de se sentir frustré. Elle choisit un chocolat et lui met dans la bouche.

 

Une mini bataille se joue alors. C’est à celui qui aura le meilleur ! Un joyeux brouhaha remplit la chambre. Jane et Lisbon échangent un regard soulagé. L’équipe est à nouveau soudée. Et les pénibles moments qui les ont conduits là, autour de lui, sur un lit d’hôpital, ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir de plus.

 

 

 

                                     l’équipe à nouveau soudée.

                                       



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"Ne rien posséder et poutant tout avoir ..." c'est une équation difficile à résoudre dans notre société de consommation. Seule peut-être l'imagination peut apporter la solution...  J'ai une proposition : modifions l'orthographe du second terme: "à voir". Voilà qui donne des perspectives ...

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Que nous la trouvions ou pas, n'a pas vraiment d'importance, ce qui compte c'est le nombre de pistes que nous aurons à explorer ...

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