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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 16:27

 

mentalist Lisbon en colère

-          Lisbon, je dois vous parler. Jane est entré sans frapper. Déclenchant une foudroyante colère.

-          Sortez ! hurle-t-elle.

-          Mais …

-          Fichez-moi le camp, je vous dis ! Je n’ai que faire de vos excuses ! 

-          Je ne viens pas pour m’excuser …

-          Bien sûr … ça aurait été trop beau ! Barrez-vous ! je ne veux plus vous voir ! Vous avez atteint les limites, Jane !

-          Vous devriez m’écouter.                

-          Je ne veux plus vous écouter ! Quoi ? Vous allez encore me servir un de vos romans à la con ? ça suffit ! J’en ai ma claque ! Qu’est-ce que vous allez m’inventer de nouveau ?  Une invasion extra-terrestre !

-          Rien de nouveau, Lisbon, rien de nouveau, juste vous expliquer …

-          Je ne veux pas de vos explications ! vous allez encore essayer de m’embrouiller … pour me faire prendre des vessies pour des lanternes ! Ce que vous avez fait est ignoble ! ça n’a pas de sens commun ! vous méritez d’être viré ! C’est …

Elle reprend son souffle, au bord des larmes.

            Vous m’avez déçue, Jane. Se calme-t-elle. Inventer un truc pareil c’est impardonnable…

 

-          Je n’ai rien fait Lisbon, se défend Patrick maladroitement. C’est vous qui êtes naïve. Il y a bien un affreux manipulateur dans ce bureau depuis quelques jours … mais vous vous trompez de bonhomme. Vous préférez croire que c’est moi parce que vous avez peur d’être déçue. Vous ne voulez pas admettre avoir été trahie par un homme en qui vous avez toute confiance depuis si longtemps et qui vous a fait grandir dans cette belle famille qu’est la police. Vous redoutez plus que tout de voir encore une fois écornée la belle image du Père.

La pique la touche plus qu’il n’aurait voulu. Il la regrette quand il voit les larmes lui monter aux yeux.

-          Je ne suis pas votre marionnette Jane. Répond-elle gravement. Vous m’avez arnaquée ! Manipulée ! C’est pas la première fois que vous me roulez dans la farine, mais là … Elle lui jette un regard mêlé de dédain et de colère froide.

Vous avez définitivement perdu ma confiance. Vous vous êtes attaqué une fois de trop à quelqu’un que j’aime … c’est insupportable, Jane. Vous comprenez ! In-su-por-table !

Déstabilisé par le sincère chagrin de son amie, Patrick a bien du mal à réagir. Il ne sait plus s’il doit d’abord la consoler ou lui dire la vérité. Et puis comment du coup, si elle refuse de le laisser parler. Il prend le risque de lui laisser dire ce qu’elle a sur le cœur.

 

-          Vous êtes un dangereux maniaque ! Vous ne me referez pas le coup de Bosco ! …

Tous les deux repensent aux douloureux moments passés. Jane se sent fautif de la mort de leur collègue. Il ne peut pas en vouloir à Teresa de remettre ça sur le tapis.

-          Ça n’a rien à voir … tente-t-il.

-          La ferme ! le harangue-t-elle, submergée par les images terrifiantes du carnage de l’équipe de Bosco.

 Les yeux pleins de larmes, elle fixe Jane un instant … son front se barre de rides en repensant à ce qu’il lui a dit après que les deux hommes se soient rencontrés et tout de suite détestés.

 

 

«  Je ne ferais rien » avait répondu Jane quand elle lui avait demandé comment il allait réagir au fait que Bosco l’ait évincé.

«  Si vous vous asseyez au bord de la rivière et que vous attendez assez longtemps, vous finirez par voir les corps de vos ennemis passer devant vous … » avait-il dit avec un sourire énigmatique. Ce souvenir lui inspire tout à coup un doute affreux.        

                                           

 

Qu’il le fasse exprès ou non, le résultat est le même pense-t-elle.

 

-          C’est ça le problème avec vous Jane ! Vous vous en fichez de ce que les autres ressentent ! Vous n’êtes qu’un sale égoïste. Vous ne mesurez pas les conséquences !  Vous n’avez aucun égard pour ceux qui vous entourent, pas même pour vos proches ! … ça vous est égal ce qui peut bien leur arriver pourvu que vous ayez raison … vous êtes prêt à tout  … peu importe qu’ils aient à en souffrir ou même si vous les entraînez  à la mort !

 

C’est un coup de poignard dans le cœur pour Patrick. Le monde s’écroule à nouveau pour lui. Il éprouve la même affreuse sensation que lorsqu’il a lu la lettre de John le Rouge, accrochée sur la porte de sa chambre. S’il reste là, la porte va s’ouvrir à nouveau. L’horreur va fondre encore sur lui. Il reste interdit une minute, le souffle coupé. Il a tellement blêmi que Lisbon se rétracte :

-          Non Jane, c’est pas ce que je voulais dire 

Il tourne les talons. Hésite un instant. Doit-il rester et affronter cette tempête pour tenter de la convaincre ? C’est au dessus de ses forces.  Elle finira par apprendre la vérité de toute manière. Sa poitrine se serre, il a besoin d’air.  Il n’entend pas quand elle le tente de le retenir.

 

-          Jane, attendez … c’est de Bosco que je parlais …  de Bosco …

 

                

                       

 

                                            jane vous devriezJane reste interdit, le souffle coupé, il blêmit …

 

Jane sort du bureau hagard. Il percute de l’épaule  Rigsby, alerté par les éclats de voix.

-          Hey mais qu’est-ce qu’il y a Jane ?  Hey ! … mais ça va pas !

Wayne le regarde s’éloigner comme s’il fuyait la peste.  La porte de Lisbon est entrouverte, il passe timidement la tête :

-          Ça va patron ? je peux faire quelque chose ? Teresa lui tourne le dos, elle ne veut pas qu’il la voie pleurer.

-          Ça va Rigsby. Oui. Vous pouvez me laisser. J’ai besoin d’être seule.

-          Bien, euh … bien … Rigsby referme doucement la porte et rejoint Cho, retourné à son bureau.

-          Qu’est-ce qu’il a encore fait ? demande Kimball avec son calme légendaire.

-          Je sais pas, mais y’a eu un clash. Il l’a fait pleurer.

-          C’est pas vrai. S’exaspère Cho, mais qu’est-ce qui lui arrive en ce moment ? Il cherche quoi là ? Il a vraiment pété une durite !

 

-          Qu’est ce qui se passe encore avec Jane ? Je viens de le croiser. Il est parti tout triste.

 

Van Pelt arrive avec un paquet de feuillets à la main, inquiète de voir la tête que font ses camarades.

-          Ca a chauffé avec le patron. Explique Rigsby.

                               Wayne bien embêté 

 

 

-          Ah oui rapport à ce qu’il a découvert. Elle agite les feuilles qu’elle rapporte de l’imprimante.

-          A ce qu’il a inventé. Rectifie Kimball, avec une moue désabusée. Il dépasse les bornes, vraiment.

-          Non ! Objecte Grace. Il a raison. Tout ça n’est qu’un gros coup monté ! Mais bien plus gros que ce qu’on imagine ! Et ça c’est la preuve.

Van Pelt éparpille les pages sur le bureau de Cho et en commente le contenu à ses collègues, éberlués.

 

-          Alors tout ce temps, quand on a cru que c’était Jane qui harcelait Taylor, en fait, 

c’était tout le contraire ? constate Rigsby, un peu honteux.

-          Mais ce qu’on a pu croire pour l’un est valable pour l’autre … comment on sait si c’est Taylor ? Cho reste dubitatif.

-          En fait, on sait pas … se désole Grace. C’est juste que c’est le plus logique.

-          Tu veux dire qu’y a pas moyen de le prouver ?  Cho boue littéralement d’impatience.

Elle répond par une moue de déconvenue.

-          En fait … hésite-t-elle, il suffit d’avoir ses entrées au CBI. Ca aurait pu être Jane, ça pourrait être Taylor ou … n’importe qui d’autre.

-          Il va falloir faire le ménage … soupire Rigsby en jetant un regard circulaire.

Ils partagent tous les trois la même inquiétude, l’œil circonspect.

 

-          Bon sang ! Il faut que le patron voie ça ! Cho ramasse les documents à la hâte et se lève d’un bond.

 

 

A peine dans le bureau de Lisbon les trois compères s’empressent de lui expliquer la situation. Van Pelt comprend alors que le patron n’a pas laissé à Jane le temps de s’expliquer.

 

-          Oh mon Dieu, souffle Teresa en parcourant les papiers avec désespoir. Je lui ai dit des horreurs ! Où est-il ?

-          Euh … il a dit qu’il rentrait chez lui. Il avait l’air déprimé. Dit Van Pelt, tout à coup très inquiète.

-          Bon Dieu pourvu qu’il ne fasse pas une bêtise. Se lamente Lisbon tout à coup submergée par le remords.

-          Ouais … enfin ça c’est pas le pire … souligne Cho.

Ils se tournent tous vers lui, attendant sa réflexion.

          Si c’est vraiment Taylor qui est derrière tout ça. Jane vient de tout foutre parterre. Il ne

          le laissera pas s’en tirer comme ça.

                                                    the-mentalist-saison-3-image-394922-article-ajust 650 

L’équipe redevient soudain elle-même. L’un des leurs est en grave danger.

-          On y va ! ordonne Lisbon déjà presque dehors.

 

 

-          Cho, Van Pelt, faîtes venir les renforts. On fait ça dans la plus grande discrétion. Pas de sirène, pas de gyrophares.

Lisbon briefe son équipe en marchant vers les voitures. Ils enfilent leurs gilets pare-balles en acquiesçant.

-          On entre en douceur, on localise, on analyse, compris ?  ordonne le patron. Ils confirment d’un oui de la tête, tous les trois concentrés, les lèvres serrées.

 

-          ON RESTE CALME SURTOUT. Conclut Lisbon.

 

      Ils gagnent chacun leur véhicule en vérifiant leurs armes. 

 

 

 

 

Domicile de Patrick Jane. Début de soirée

 

La nuit est tombée depuis plus d’une heure. La DS bleue roule lentement à l’approche de chez lui. Il s’engage dans l’allée et stoppe devant la porte du garage. Patrick reste quelques minutes au volant, plongé dans une intense réflexion. Quand il se décide à sortir il jette un regard inquiet vers la maison. Il marche prudemment, presque hésitant. Ramasse mécaniquement les quelques enveloppes qui débordent de la boîte aux lettres.

Il laisse échapper un long soupir en tournant la clé dans la serrure.

 

Il entre sans faire de bruit. Pousse la porte derrière lui, sans la refermer complètement. Il pose le courrier et son trousseau de clés sur le guéridon dans l’entrée et avance vers le salon sans allumer la lumière. Il connaît bien la maison et la faible lueur de l’éclairage public qui vient de la rue lui suffit amplement. Pourtant, aujourd’hui, comme il y a quelques années, il a un mauvais pressentiment. Tout semble normal mais rien n’est pareil à d’habitude. Quelqu’un est entré et a touché ses affaires.

 

Dans le salon il va droit à la console sur laquelle il laisse son ordinateur. Il n’a qu’à appuyer sur le bouton pour l’allumer. Il le consulte rapidement en restant debout, à peine penché. Il sent comme une présence dans son dos. Mais ne se retourne pas tout de suite. Fait comme si de rien n’était et continue à naviguer sur sa messagerie. Il soupire avant d’éteindre l’écran. Mais prend soin d’activer la caméra avant de se retourner. Quoiqu’il arrive, tout ce qui va se passer à partir de maintenant, sera enregistré.

 

-          Félicitations ! La voix de Taylor claque comme un coup de fouet dans la nuit.

Je savais que vous alliez comprendre très vite. Vous êtes si brillant Patrick. C’est vraiment dommage qu’on ne puisse pas arriver à s’entendre. Vous auriez fait une merveilleuse recrue !

Assis dans un fauteuil à moins de vingt pas, un pistolet automatique sur les genoux, Taylor toise Jane qui s’est figé. Il choisit de ne pas répondre.

Exprimant simplement du regard tout le mépris que lui inspire son interlocuteur. Pas besoin d’interrogatoire. Ce genre d’individu se plait si bien à fanfaronner. Il ne sera pas bien visible sur l’enregistrement mais son discours fielleux restera gravé sur le disque dur.

 

-          Oui c’est vraiment dommage. Il fallait faire un choix. Au début nous avons hésité, vous savez… vous êtes pourtant le candidat idéal. Vous avez la motivation. Vous auriez pu comprendre les nôtres. Vous nous auriez été précieux … si seulement, vous n’étiez pas si instable. On ne sait jamais sur quel pied danser avec vous. … je vous ai observé … ricane-t-il avec un haussement d’épaules dédaigneux.

Vous êtes si plein de contradictions. Impossible de savoir où se situe vraiment votre limite sur le plan moral. Vous comprenez le concept, vous l’approuvez même j’en suis sûr, dans certains cas … mais … vous n’êtes pas fiable …

Je ne sais même pas si vous auriez eu la force de mener votre propre vengeance à son terme. Teresa a fait de vous un agneau. Mais consolez-vous, on s’occupera de John Le Rouge pour vous. On vous doit bien ça …

Il fait une pose. Prend calmement le pistolet en se levant. Il le pointe sur Jane en ordonnant :

-          Retirez votre veste.

 

                                                   

-          Je ne suis pas armé. Répond Patrick en écartant les pans de son veston.

-          Je sais. Otez-la doucement et tendez-la-moi.

Jane s’exécute en déglutissant. Taylor s’empare du vêtement par le col et fouille les poches en menaçant toujours son prisonnier. Il en sort son téléphone. L’examine promptement et l’éteint. Il le replace dans la poche avant de jeter la veste sur le fauteuil, derrière lui.

 

-          On va se mettre à l’aise. Explique Taylor en agitant son flingue pour montrer la direction à prendre. Dans la chambre. … Vous devez être fatigué. Vous allez pouvoir vous reposer. Définitivement.

-          Alors c’est ça, la prochaine étape ? relance Jane pour lui faire avouer tout le plan.

-          Eh bien oui, vous vous en doutez, n’est-ce pas … répond Taylor, fier de l’avoir piégé. Vous ne nous laissez pas le choix. Je regrette sincèrement, croyez moi. J’aurais préféré ne pas avoir à vous sacrifier pour la cause … mais sachez que nous vous gardons toute notre estime. Vous êtes juste du mauvais côté de la barrière, voilà tout.

-          Et vous, vous êtes du bon ? ne peut s’empêcher d’ironiser Jane.

Taylor soupire bruyamment.

-          Allons, allons Jane. Nous n’avons plus le temps pour ça. J’aurais bien aimé philosopher avec vous … mais là …

-          Qu’est-ce qui presse ? Jane n’est visiblement pas impatient d’aller à l’abattoir.

-          Oh en effet … plus grand-chose … mais pour commettre l’irréparable, on est juste dans les temps … Vous avez compris ? C’est le moment idéal pour un coup d’blues. Votre sortie de tout à l’heure, au CBI, a admirablement servi la fin que je vous prépare … Oui, j’ai encore mes informateurs … siffle-t-il comme un serpent malfaisant. .. 

     Tout le monde est convaincu que vous avez pété les plombs depuis quelques jours.

      Vous avez fait le vide autour de vous.

-          Vous. Rectifie Jane. Vous … avez fait le vide.

-           Oui. Confirme Taylor avec un sourire cynique. Qui s’étonnera après,  que vous en ayez eu assez de tout ça ? …

… Plus de famille, plus d’amis … vous allez choisir quoi cette fois Patrick ? La corde ? Une balle ? Ou … comme la première fois … vous trancher les veines ?

 

Un frisson lui parcourt le corps. Patrick réalise que le danger est immense. Et combien il va souffrir si personne ne vient à son secours. Ce qui lui paraît plus qu’aléatoire, à ce moment précis. Mais bizarrement, la peur ne le paralyse pas. Il est calme et cherche une échappatoire, en dépit du peu d’espoir. L’autre ne lui laisse pas une chance de le regarder dans les yeux, ni de lui parler assez longtemps pour lui donner la main. Il garde le contrôle.

                                      

                                                    

 

-          Allez … invite Taylor presque courtoisement. Appuyant l’ordre par un mouvement du poignet significatif. Il agite son arme pour mieux lui faire comprendre qu’il fera son œuvre de toute façon. Ici ou ailleurs.

 

Jane passe devant lui et sort du salon les mains levées au niveau de la poitrine. Taylor lui emboîte le pas et le pousse du plat de la main vers l’escalier. Ils marquent un temps d’arrêt, évaluant tous les deux la distance qui les séparent du drame.

-          Traînons pas. S’impatiente Taylor.

 

Jane monte une marche puis deux. Lentement, il gravit sa sinistre route.

A mi-chemin il se retourne brusquement et dans une manœuvre désespérée, déstabilise son adversaire. Taylor s’accroche à lui et ils roulent tous les deux en bas de l’escalier. Jane entend comme un craquement mais son taux d’adrénaline est au maximum et il ne ressent aucune douleur. Il prend le dessus.

    - Petit con ! lance le flic avec rage.

Jane tente de lui arracher son arme. Mais la prend en pleine face. Taylor l’éjecte sur le côté. Jane parvient à le désarmer d’un coup de pied. Le pistolet voltige jusqu’à la porte d’entrée. Taylor se relève péniblement, Jane pendu à sa jambe. Il cherche encore à le faire tomber. Taylor renverse le guéridon sur Jane pour se dégager. Il attrape le meuble par le pied et frappe à l’aveuglette. Jane est forcé de lâcher prise et esquive. Le plateau de la petite table s’est envolé et armé de la lourde colonne de bois massif Taylor s’apprête à frapper encore. Jane a juste le temps de se protéger la tête avec les bras. Son agresseur lui assène un coup violent qui l’assomme à moitié. Cette fois-ci, il sent bien la douleur. Il a l’impression que son bras est en mille morceaux. Le sang dégouline. Il ne voit pas bien d’où. Emporté par son élan Taylor est tombé à genoux. Il se relève et lui envoie plusieurs coups de pieds dans le ventre. Encore des craquements. Jane suffoque. Il se met en boule, tente de parer les coups. Mais Taylor est le plus fort. Il finit par ne plus bouger. Attend la mise à mort.

 

Taylor s’arrête enfin de le battre. Il respire fort. On sent de la colère et de la fatigue. Il recule en ne perdant pas de vue sa victime. Récupère son automatique.  Et revient se poster au dessus de Patrick. Il le tient en joue en grommelant.

-          Espèce de petit fumier. Tu pensais pouvoir m’avoir. Mais qu’est-ce que tu crois ? Parce que tu es plus jeune, t’as cru que t’aurais le dessus ! Pathétique … siffle-t-il en hochant la tête.  Trente ans dans la police, merdeux ! Tu imaginais que j’avais cessé de m’entraîner peut-être …

Il lance un dernier coup de pied avec mépris, qui fait rouler Patrick sur le côté. Laissant voir son visage tuméfié. Les deux hommes essoufflés, se toisent une minute.

 

                                        

 

 

-          Allez-y. Vous pouvez me tuer maintenant. Lâche courageusement Patrick. Vous aurez du mal à faire croire à mon suicide …

 

 

-          C’est vrai. Constate son bourreau avec cynisme. Mais c’est pas bien grave … petit malin ! Avec tous les ennemis que tu t’es fait … on aura pas de mal à inventer un nouveau scénario. Pourtant le suicide ça aurait eu de la classe ! Et puis ça m’aurait mis en position de force vis-à-vis de Teresa. Elle aurait tellement culpabilisé, que j’aurais eu beau jeu de la consoler … mais tant pis … on va trouver autre chose.

 

Il se penche vers sa proie et le tire par le bras sans ménagement.

-          Relève-toi ! On va arranger ça là-haut. Debout !

Jane se laisse soulever par son tortionnaire, à bout de forces. Remis sur pieds, il est bousculé jusqu’à l’escalier.

-          Grimpe ou je t’abats sur place ! hurle Taylor avec impatience.

Il le force à monter et le pousse pour accélérer le mouvement. Jane vacille, incapable même de tenir la rampe, les bras ballants, tel un pantin désarticulé.

-          Avance ! insiste Taylor agacé. Tu peux être content. Tu vas finir en beauté. Qu’est que tu en penses ? Si on disait que tu vas enfin l’avoir … ton ultime rendez-vous avec ton vieil ami, John le Rouge … hein ?

Il balance un coup de pied dans la porte tout en haut de l’escalier. Et fait apparaître la vision tant redoutée. L’affreux pictogramme leur saute aux yeux, en dépit de la pénombre. Taylor attrape Jane par les cheveux et le pousse à l’intérieur.  Ils sont là tous les deux, debout devant le matelas, unique meuble de la pièce. Taylor le force à regarder la figure grimaçante et semble se délecter de le sentir prêt à tourner de l’œil.

                                                      

 

 

-          Sois heureux. C’est là que tu vas mourir. Comme ta charmante épouse… Prêt à rejoindre ta petite famille ?  murmure-t-il à son oreille pour remuer un peu plus le couteau dans la plaie. … Quand j’aurais dessiné un nouveau smiley à côté du sien avec ton sang … personne ne doutera que c’est John le Rouge qui t’a saigné …

 

Hypnotisé par l’image sur le mur, Jane ignore la menace. Il pense juste à sa femme. Presque résigné. Il se dit qu’il va enfin savoir ce qu’elle a ressenti. Taylor lui arrache pratiquement la tête en le tournant vers lui. Il veut lui faire face pour lui raconter les horreurs qu’il s’apprête à lui faire endurer.

-          Mais rassures toi, je ne suis pas John le Rouge. Et je ne vais pas te charcuter comme il l’aurait fait … non … je crois que tu as assez souffert, là … On va dire que … je vais te mettre une balle dans la tête avant de te découper. Comme ça, tu sentiras rien …

Un sourire sadique ponctue son exposé.

Jane est incapable de répondre. Et puis qu’est-ce qu’il aurait à dire. Il n’a qu’une hâte, c’est d’en finir. Il n’a plus vraiment mal. Il se sent complètement vidé. Il ne tient debout que parce que son assassin le soutient maintenant par l’emmanchure de son gilet.

Libre de tourner la tête, il prête l’oreille au son d’une voiture qui semble se garer dans l’allée.  Taylor a entendu, mais il pense aux voisins.

-          Non, non, siffle-t-il avec mépris. Compte-pas là-dessus. Personne ne viendra à ton secours. T’as oublié ? T’as même plus d’amis. …On y est Patrick, c’est le bout de la route. Tu vas mourir ici. Tout seul. …

 

 

                                                  

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-          Pas tant que tu crois Robert. Prononce Lisbon d’une voix calme et déterminée en entrant dans la chambre. Lâche ton arme ou je tire.

Elle avance à pas lents, tandis que Taylor surpris, réagit très vite. Il ramène Jane à lui et le saisit par le col. Il pointe le canon de son arme sur sa tempe et hurle :

-          Tu crois pouvoir le faire avant que j’aie repeint le mur avec sa cervelle ? 

Il fait de Patrick son bouclier et cherche à compter du regard le nombre de flics qui la couvre.

 

-          Alors c’est ça. Répond Lisbon toujours aussi calme. Tu veux jouer au cow-boy. A celui qui sera le plus rapide ?

Elle lance un regard furtif à Jane et croise le sien, implorant, au bord de l’évanouissement.

 

-          Alors tu es venue finalement. S’interroge le ripou. Je croyais bien t’avoir convaincue, pourtant.

-          Oh malheureusement tu l’as fait. Continue-t-elle sur le même ton. Et je le regrette. Mais j’ai aussi de vrais amis au CBI, tu sais … et ils m’ont ouvert les yeux.

-          Je vois ça. Ricane son ancien mentor, déçu.

 

-          Qu’est-ce que tu vas faire ? Lisbon reprend la main :

Tu vas le tuer c’est ça ? Et après ? On va tous vider nos chargeurs sur toi pour le venger ? C’est ce que tu veux ? Pourquoi ? … Parce qu’il te rappelle tout ce que tu n’es plus ? …C’est vraiment ce souvenir là que tu veux laisser ?  Celui d’un psychopathe  qui a assassiné un innocent … parce qu’il représente tout ce que tu as jeté aux ordures … parce que lui …c’est un homme … honnête, droit et juste … et que toi tu n’es plus qu’une pourriture ? !

 

                           

                                          

 

Ses joues sont rouges de colère mais Lisbon contient sa peine en apercevant le petit sourire que Jane vient d’esquisser en entendant ses paroles. Il peut bien mourir maintenant qu’il sait qu’elle ne le juge pas si mal.

 

-          Eh bien … souffle Taylor, impressionné. On dirait que tu y tiens sacrément à ce gars là …Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a fait dis moi, pour mériter autant ?

 

Il y a bien au moins vingt personnes à cet instant dans la maison mais on aurait pu entendre une mouche voler, si ce n’était la respiration saccadée de Jane qui trahit son état critique et fait mal à tout le monde. Tous sont suspendus aux lèvres de Lisbon qui répond, en détachant bien ses mots.

-          Cet … homme … m’a sauvé la vie. Et je ne te laisserai pas la lui prendre.

 

Taylor comprend vite à quel point elle est sérieuse. Mais ne peut s’empêcher d’ironiser.

-          Il t’a sauvée ? Lui ? répète-t-il en arborant une moue incrédule, tout en redressant

Jane, dont les jambes se dérobent. Il plaque cette fois son 45 sur sa joue. Jane réagit mollement mais affiche une véritable souffrance. Il est à bout.

 

-          Il a tiré sur une ordure qui pointait un flingue sur moi, répond-elle du tac au tac.

Toujours aussi calme. Et je vais faire pareil si tu ne te rends pas.

-          Il a …

Il approche le visage de Jane du sien : Tu as vraiment fais ça ?

Jane n’a la force que de hocher la tête. Mais ses yeux répondent clairement «  Oui, finissons en ! »

Et Taylor de continuer :

-          Chapeau. Et tu t’es battu comme un lion pour pas qu’on croit que t’es mort comme un lâche… t’aurais fait un bon flic, finalement …

 

Tout le monde se demande ce que veut dire cette marque soudaine d’admiration. 

Taylor décolle enfin le pistolet du visage de Jane. Recule un tout petit peu en le maintenant en joue. Son doigt effleure la gâchette, mais c’est le cliquetis du chien qui revient en position de sécurité qui achève la scène. Patrick ferme les yeux en baissant la tête avec un soupir de soulagement.

 

-          Bravo, petit. Souffle Taylor en abaissant son arme. Il lâche enfin Patrick qui chancelle.

 

-          Rigsby ! ordonne Lisbon en gardant son ex-collègue dans sa ligne de mire.

 

Rigsby se précipite et le déleste de son arme, qu’il tend à Cho arrivé à la rescousse. C’est Rigsby qui menotte le criminel, tandis que Lisbon rengaine son  Glock et rattrape Jane avant qu’il s’écroule.

 

-          Jane ! Attention … Doucement … vous êtes blessé.

… Là … il faut vous asseoir. L’ambulance est en route.

Elle s’agenouille pour l’aider à se poser sur le matelas à même le sol. Et vient s’asseoir à côté de lui.  Elle le serre dans ses bras avec fébrilité. Et se met à le palper sur tout le corps.

-          C’est rien … souffle Jane en grimaçant. Juste quelques égratignures … pas besoin de toubib …

 

Lisbon continue à l’examiner. Elle entrouvre sa chemise et met à jour des contusions multiples. Il ne peut plus bouger son bras ensanglanté, et gémit quant elle le touche.

-          C’est ça. Objecte-t-elle en fronçant les sourcils. Au moins deux ou trois côtes cassées … vous aurez de la chance s’il n’y a pas hémorragie interne …

                                                         

-          Ah …Juste quelques blessures défensives … explique-t-il dans un soupir. Si jamais … il avait réussi à me tuer… je ne voulais pas que ça ait l’air d’un suicide … vous …

     …vous n’auriez pas laissé passer ça … hein … vous auriez enquêté …

     …vous auriez trouvé la vérité. C’est ça l’important …

 

-          Oh non, pleurniche-t-elle. Ce qui est important, c’est que vous soyez vivant ! Mon Dieu, s’il vous avait tué … je m’en serai voulu toute ma vie !

 

-          Oui, je sais … c’est trop douloureux … je voulais pas …

                                                                                                                                  

-          Je suis tellement désolée, Jane. Le coupe-t-elle des sanglots dans la voix. Pour ce que je vous ai dit. Je ne le pensais pas. Vous m’aviez fait mal, alors j’ai voulu vous faire mal aussi. Mais la différence c’est que vous, vous aviez raison. Ce que vous avez dit c’était vrai et c’était pour me protéger. Moi ce que j’ai dit est horrible. C’était injuste et méchant.

 

-          Non.  … Lisbon. Faut pas vous en vouloir … répond Jane haletant. C’était dur à entendre pour vous … je m’y suis mal pris. J’ai bien compris … c’est vrai … ça fait mal, mais … je sais …

Il prend une inspiration douloureuse et continue :

      - … vous étiez plus sincère quand vous m’avez sauvé tout à l’heure … sourit-il avec ironie, en levant sur elle des yeux remplis de larmes mêlées de sang.

 

-          Oh oui. C’est sûr. Sanglote Lisbon en tirant un mouchoir de sa poche.

 

Elle essuie les marques de sang sur son visage et caresse ses cheveux tendrement. Elle laisse sa main derrière sa tête pour la soutenir. Elle sent qu’il va défaillir.

-          Tout ça je le pensais. Jane. Vous êtes le meilleur homme que je connaisse.     

                         

Jane--n-en-faites-pas-trop-Lisbon.JPG

 

Il a beau être déjà à demi inconscient, cette remarque lui arrache un rire nerveux.

-          N’en faîtes pas trop Lisbon … murmure-t-il dans un souffle. Je verrais bien un docteur, maintenant …

-          Il arrive, il arrive … répète Teresa sur un ton rassurant, alors qu’elle jette à Cho un regard inquiet.

Cho acquiesce, rassuré par cette pointe d’humour, en tendant l’oreille. On entend une sirène au loin.

 

-          Lisbon …

Jane n’a pas le temps de finir. Sa tête tombe en avant, retenue avec délicatesse par Teresa qui le serre contre elle. Elle et Kimball échangent un regard lourd de sens.

 

 



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commentaires

F
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T
reI was tired of doing what I get for this? Why would I need you to explain something, if before you could not reach? I honestly do not care whether you are rich or prosuschestvuete his life in poverty.
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  • : La Vie Rêvee de Domibleue
  • : "Ne rien posséder et pourtant tout avoir ..." c'est une équation difficile à résoudre dans notre société de consommation. "Si la Réalité dépasse parfois le Fiction, c'est que le Destin a plus d'imagination que nous ..."
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Equation Philosophique

"Ne rien posséder et poutant tout avoir ..." c'est une équation difficile à résoudre dans notre société de consommation. Seule peut-être l'imagination peut apporter la solution...  J'ai une proposition : modifions l'orthographe du second terme: "à voir". Voilà qui donne des perspectives ...

Ne Rien posséder et pourtant Tout à Voir ...

Conteurs d'histoires et spectateurs travaillent ensemble à chercher la réponse ... Bienvenue.

Que vous soyez cinéastes professionnels ou amateurs, auteurs ou lecteurs, simples spectateurs ou "créateurs" (entre guillements car nous sommes tous souvent plus créatifs que nous ne voulons l'admettre...) je vous invite à chercher avec moi la réponse.

Que nous la trouvions ou pas, n'a pas vraiment d'importance, ce qui compte c'est le nombre de pistes que nous aurons à explorer ...

Cheminons ensemble voulez-vous, c'est si bon de faire des rencontres ... et pour ceux qui auraient des doutes, si si, vous êtes bien sur un blog de cinéphile ... Disons ... sur un blog cinéphilosophique... Quand la magie de l'image et de l'imaginaire se combinent . Ah, le ciné  ... c'est aussi un bon moyen de philosopher ... il n'y a qu'à se promener sur les forums ... moi, ça m'éclate !

A bientôt, domibleue.

PS : le premier qui me demande ce que je fume ...

 

Bonne Lecture. Et n'hésitez pas à laisser des commentaires ! A bientôt.

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Vous voudez bien excuser l'apect un peu sommaire de certains articles, amputés de leurs illustrations au moment de la mutation entre Allociné et Overblog. Cela va me prendre encore un peu de temps pour tout relire et remédier au problème. Recherche des photos disparues (ou pose de nouvelles...)

                       En attendant, je sous souhaite tout de même une bonne lecture !

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