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19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 11:02

 

1197229713 le bout du tunnel 

 

 

 

 

 

MAIS QUE FAIRE DU PASSE ?

 

Une jeune femme, devenue écrivain public  " pour changer de vie ", détient à son insu la preuve dun double meurtre.

Croyant être mêlée à l'enquête par hasard, elle ne voit pas le danger qui la guette.

Et profite innocemment de sa rencontre avec un charmant enquêteur. Lorsquelle découvre, hélas en même temps que les tueurs, l'importance de son rôle, une course contre la montre sengage pour faire éclater la vérité.

 

 

 

 

 

L’incertitude s’imposait à lui, rien n’arrivait à le rassurer, pas même l’humeur bonasse et la courtoisie de façade d’un voisin qui l’avait salué sous le porche d’entrée …

 

Ses pensées étaient plus sombres que les nuées qui s’amoncelaient dans le ciel.

L’orage qui menaçait légitimait sa fuite aux yeux des passants qui courraient eux aussi, à la recherche d’un abri ou tout simplement rentraient chez eux. Ce qu’il craignait était bien plus dangereux qu’un orage. Il ne pouvait pas rentrer chez lui. « Ils » devaient l’y attendre …

Arrivé sur le quai, il se retourna l’air de rien, se demandant si le pas précipité de l’homme qui le suivait était seulement dû à l’arrivée du train en station.

L’homme attendit sagement que les voyageurs aient quitté la voiture, puis il monta et s’installa sur le seul siège libre avec un sourire béat.

 

Il scrutait la foule l’œil hagard. Et s’Ils étaient là, parmi tous ces gens ? ! L’angoisse qui l’avait cloué dans l’entrée de son immeuble quelques minutes plus tôt lui intimait maintenant l’ordre de fuir. Fuir vers nulle part, juste pour sauver sa peau.

Il décida de semer ses éventuels poursuivants en allant au hasard dans le métro. Cela lui donnerait le temps de réfléchir.

 

Il se retrouva, sans trop savoir comment dans l’immense salle d’échange d’Auber.

Il y avait un café là, entre métro et RER. Il se laissa tomber sur la petite chaise bistrot et s’affala sur le guéridon. La sueur perlait à son front. Il n’avait même pas chaud.

La main qui se posa sur son épaule le fit sursauter. Il était terrifié.

 

- « Vous désirez quelque chose ? » demanda le garçon en reculant d’un pas, surpris par la réaction de son client.

 

- « Oui, euh, un café, je vous prie. » balbutia-t-il sur un ton d’excuse.

 

Le garçon s’éloigna en hochant la tête :  «  ah, ces parisiens …. »

Il tenta de rassembler ses idées. Il lui fallait imaginer très vite une solution pour se tirer de ce pétrin

L’inspiration tardait à venir. Il ne pouvait pas rester là éternellement. La foule qui grossissait à mesure que les minutes le rapprochaient de l’heure de pointe, le rassurait. Au moins parmi toutes ces personnes Ils  ne tenteraient rien. En même temps, le côté anonyme de cette population souterraine ajoutait à son anxiété : Qui parmi eux était le meurtrier ? L’avait-il suivi ? Le reconnaîtrait-on ? que faire ? !

Il avala son café et lâcha une pièce de dix francs sur la table. Elle tinta à peine dans le brouhaha des conversations.

Des éclats de voix l’attirèrent vers les appareils de contrôle. Il n’avait pourtant aucune chance d’y trouver de l’aide.

Il se laissa porter par le flot des banlieusards pressés jusqu’au quai. Il y avait trop de monde maintenant. Il n’avait plus confiance.

 

 

 

Une idée lui traversa l’esprit. Oui, il connaissait quelqu’un qui pourrait l’aider !

Il rejoignit SAINT LAZARE et s’embarqua en direction de  L’UNIVERSITE 

C’est arrivé à CARREFOUR-PLEYEL qu’il le remarqua. Il en était sûr, ce type était à la clinique ce matin quand il avait appris le « suicide »de GERFAUT. Il l’avait vu aussi sur le trottoir devant chez lui ! L’affolement l’envahit.


L’homme semblait regarder au dehors, distrait. Mais il jetait de temps en temps un coup d’œil discret vers lui. PORTE DE PARIS, BASILIQUE, l’homme ne descendait pas. Il n’aurait pas le courage d’attendre le terminus . La panique le fit sauter hors du train à peine la porte ouverte.

Il courut sans se retourner , espérant se fondre dans la chaîne humaine qui montait l’escalier.

Au dehors l’orage avait éclaté. Il eut l’impression que le ciel lui tombait sur la tête. De lourdes gouttes martelaient son crâne et venaient terminer leur chute dans son cou. Dans l’agitation il s’était trompé de direction. Il tournait le dos à l’Université et se dirigeait droit vers la gare.

 

 

 

                                                                         X                                                                                                      

 

 

 

Jamais je n’aurais imaginé, lorsque je décidais de changer de vie, que cela la bouleverserait autant. J’avais ouvert cette officine d’écrivain public depuis moins d’un an quand je basculais dans un monde qui avait toujours relevé pour moi du fantasme, celui-là même qui noircissait les pages de mes romans policiers, sans cesse réécrits et jamais édités.

Je pensais rester à jamais ordinaire, seule dans ma boutique, pianotant sur mon ordinateur une lettre larmoyante destinée à une administration incrédule, à plaider la cause d’un de mes clients illettrés. La plupart d’entre eux n’avait en effet pas les moyens de naviguer dans les arcanes de cette société turbulente qui est la nôtre.

Mon lot quotidien était fait de ces lettres administratives, relances, dossiers de candidatures et autres C.V. qui nous étouffent. J’avais réussi, avec très peu de matériel au début, à me constituer une petite clientèle d’habitués, que j’allais même visiter à l’occasion, à l’instar d’un médecin venu les guérir de leurs mots

 

               La pluie d’automne tambourinait la vitrine, la drapant d’un bruyant rideau de perles translucides.  On voyait à peine au travers. Je ne distinguais même plus la rue. Je devinais les voitures, ombres fantomatiques sur une vague routinière, affrontant les « grandes marées d’équinoxe » à plus de trois cents kilomètres des côtes, traversant en ronronnant leurs assauts diluviens.

Qu’est-ce qui put bien lui donner l’idée d’entrer là ? ! Le côté intimiste et discret de cette devanture, sans doute, coincée entre une agence bancaire à guichets automatique et une « Foire à tout pas cher » aux allures de bric-à-brac, barricadée sous des bâches en plastique.

J’ai tout de suite su, quand il est entré, que les ennuis n’allaient pas tarder …

D’emblée je me suis fait la réflexion : il ressemblait à ce charmant monsieur qui m’avait séduite dix-neuf ans plus tôt, me laissant un adorable souvenir prénommé Camille.

 

Une allure distinguée, des yeux d’opale irisés de pépites d’argent, surmontant un sourire qu’il devrait être interdit de porter en public sans encourir de poursuites.

 

 

« Un de ces types qui fait pas vrai ! » aurait dit Camille experte en la matière. De ceux que l’on ne voit qu’au cinéma ou dans les pages des magazines people, sur les photos volées à la vie de jolies princesses. Ceux qui ornent les bras des Top-Models, agrémentent leurs bords de piscine. Bref, un mec qui n’avait rien à faire dans ma banlieue triste.

 

Cette présence incongrue me troublait à l’évidence et il semblait s’en amuser. Ses cheveux noirs plaqués sur des tempes enneigées et ruisselantes, son regard triste presque angoissé, lui donnaient un petit air vulnérable que je savais être dangereux pour moi. Je le sentais fébrile, envahi par un indéfinissable malaise.

 

-« Puis-je entrer ? »

 

Cette voix … Il n’y a pas que le sourire qu’on aurait dû interdire !

L’émotion m’avait clouée. Bouche-bée, je le regardais s’asseoir face à moi.

 

-« Tous travaux d’écriture. C’est ce que dit votre enseigne, n’est-ce pas ? Vous pouvez vraiment réaliser tous les types de lettre ? … même les lettres d’amour … »

 

C’était quoi là ? Une blague ? « Surprise sur prise » ? ! Il me draguait ou il me posait vraiment la question ?Je rassemblais difficilement le peu de lucidité que m’avait laissé cette basse attaque et répondis un peu sur la défensive :

 

-«  Tous travaux d’écriture, c’est ce que dit l’enseigne en effet. Et je suis capable d’écrire n’importe quel courrier, même très personnel … dans certaines limites, cela va de soi. »

 

-« Oh ne vous méprenez pas, » s’empressa-t-il de me rassurer, « je n’ai pas l’intention d’être inconvenant. C’est juste voyez-vous que je ne suis pas très doué pour parler sentiments et je me suis dit … en vous voyant, que peut-être, vous … »

Il se lança dans un irrésistible plaidoyer en faveur des hommes d’affaires, trop occupés, élevés à la dure, qui n’ont pas le temps, pas de vocabulaire hormis les courbes statistiques et les bilans, et qui n’ont pour tous rapports humains que les revendications d’employés inconscients des enjeux économiques dont ils sont les principaux acteurs.

Le ton pompeux et presque « joué » sur lequel il distillait ce fallacieux discours commençait à me le rendre nettement moins sympathique.

Je voulus croire néanmoins en sa sincérité, mais lui trouvais désormais trop de points communs avec le père de Camille pour lui accorder la moindre séduction. Je me sentais tout à coup  désolée pour sa dulcinée (épouse ou maîtresse ?), à qui il n’était même pas capable de parler. Au moins lui faisait-il de l’effet, c’est ce que j’espérais pour elle.

Et quelle sorte de lettre désirait-il ce brave homme ? Déclaration, rupture, demande en mariage ? !

Le cynisme que je lui prêtais s’évanouit pourtant en une seule phrase :

-          «  J’ai tellement peur de ne jamais la revoir … » dit-il avec tant de tristesse, « et les mots sont si dérisoires. Je n’ai pas de talent. Je voudrais pourtant qu’elle ait un souvenir de moi. Qu’elle sache combien je l’aime. »

 

 

 

 

Et le voilà parti à me raconter une sordide histoire de maladie incurable et terriblement transmissible qu’il ne voulait pas qu’elle contracte … cette lettre était bel et bien une lettre d’amour mais aussi et surtout la plus difficile lettre d’adieu que j’aurais jamais à écrire.

 

               Le matin suivant une effervescence anormale m’attira vers le canal. Je me dirigeais vers l’Ile de toute façon. J’allais visiter un de mes clients, croulant sous un monceau de mises en demeures, qui n’osait pas sortir de chez lui de peur de ne plus rien y trouver en rentrant.

Il n’avait décidément rien à craindre ce jour-là. Les embouteillages seraient son meilleur rempart.

La police avait détourné la circulation et procédait à des relevés divers. Les inspecteurs étaient penchés sur le corps et échangeaient leurs impressions.

 

 

                                                                         X

 

 

Le flic s’agenouilla. Il s’approcha si près du visage de la victime que l’on eut cru qu’il chercherait à le ranimer. Il observa avec minutie le moindre trait, la plus petite marque.

 

-    « Tu le connais toi ? » demanda-t-il à son collègue sans se retourner.

-    « Inconnu au bataillon. » répondit l’autre, plus jeune, en mâchonnant le bout de son stylo.

      « Trop distingué, pas le genre de la maison. »

 

-          «  Ne te fies jamais aux apparences, garçon … Peut-être qu’elles parleront. » ajouta le « chef » en soulevant  la main gauche du cadavre.

-          « Noyé ? » s’enquit l’adjoint.

-          « Je ne crois pas, mais il faudra attendre les conclusions du légiste. On verra … »

 

Il reposa délicatement la main et entreprit une fouille méticuleuse du corps.

 

-          «Pas de portefeuille, pas de papiers d’identité … »

-          « Il ne s’est pas balancé tout seul … »

-          «  Mouais … j’ai du mal à pencher pour le suicide. On l’aura dépouillé avant de le jeter à l’eau. »

 

Elle n’avait pas résisté à la tentation. Elle n’aurait pas passé le pont de toute façon. Elle avait laissé sa voiture un peu plus bas dans la rue. Elle se fraya un chemin jusqu’à la station du tramway. Lui seul semblait encore avoir le droit de rouler. Les badauds se pressaient à la balustrade. Du pont, la vue n’était pas très bonne. Elle descendit jusque derrière les barrières où deux uniformes faisaient la police. Ils se croisaient juste devant elle en vociférant qu’il fallait reculer, qu’il n’y avait rien à voir … 

C’est à cet instant que l’inspecteur leva les yeux pour les encourager :

 

-          «  Virez moi tout ça … on va le bouger ! »

 

Son regard croisa celui de la jeune femme à la mine déconfite. Il remarqua immédiatement son malaise. Elle connaissait la victime !

Il brandit un doigt accusateur dans sa direction : - « Cette fille, là ! Amenez-la moi ! »

 

                                                                         X

 

Sur le moment je n’ai pas cru qu’il parlait de moi. Je regardais à gauche, à droite dans l’espoir d’apercevoir la jeune fille. En fait de demoiselle c’était moi que l’on invitait cordialement à rejoindre le théâtre des opérations. Je n’en revenais pas de l’aubaine, moi qui ne perdais pas une occasion de me documenter sur les méthodes d’investigation policières.

Je ne pensais pas avoir été si visiblement touchée d’avoir reconnu mon homme d’affaires de la veille.

               Il n’y a pas à dire « Flic, c’est un métier ! ».

 

 

                                                                         X

 

 

 

Elle fut conduite jusqu’à l’officier avec attention. Le gardien la trouvait vraiment pâle :

-          «  Vous vous sentez bien ? »

-          « Oui, oui, ça va … » répondit-elle dans un état second.

 

-          «  Elle a l’air secoué » remarqua l’adjoint.

 

La conversation qui s’engagea entre le policier et la jeune femme devait apporter plus de questions que de réponses. En effet, elle avait rencontré l’inconnu la veille. Il avait prétendu s’appeler Pierre Leroy et lui avait payé ses services en liquide.

 

-          «  Avez-vous conservé une copie de cette lettre ? » demanda-t-il, prisonnier de son regard bleu glacier.

 

 

                                                                         X

 

 

 

En deux temps trois mouvements nous fûmes à mon bureau pour consulter la disquette COURRIER PERSONNEL que j’effaçais régulièrement. Je ne conservais ce genre de missives que quelques semaines. On n’archive pas le vie privée des gens.

 

-          « Une chance que vous les gardiez un peu tout de même. » souffla-t-il en parcourant d’un œil dubitatif mon travail. « Joli, très joli … Il ne vous aurait pas donné l’adresse de sa chère Anne par hasard … ». Il ponctua sa question d’une moue significative. Il ne se faisait aucune illusion sur ma réponse.

La règle de la discrétion avait beau s’appliquer à mon nouveau métier, je n’eus pas le courage d’invoquer le secret professionnel. Néanmoins je ne pus lui être utile car mon client était resté muet à ce propos. Cette Chère Anne n’était malheureusement pour moi qu’un exercice de style.

 

-    « Il était censé recopier le texte et l’envoyer lui-même. » murmurais-je à son oreille toute proche de ma bouche.

 

 

 

 

               Son souffle coulait le long de ma nuque avec douceur. J’adorais ce parfum de tentation qu’il exhalait.

Avais-je tellement envie de changer de vie pour me laisser ainsi troubler par le premier Bel Hidalgo qui passait ma porte ?  Avais-je si faim ? ! Me sentais-je si seule ?

               J’aperçus son sourire au coin de l’écran. Avait-il lu dans mes pensées ?

Je me redressais, un peu gênée, frôlant son visage. Il s’éloigna sans se presser. L’instant était magique.

Etait-ce le retour du soleil après quinze jours de pluie ? La douceur revenue ? Mon cœur s’emballa et le rouge me monta aux joues.

 

-          «  Puis-je avoir un exemplaire, s’il vous plaît ? Vous faire écrire cette lettre est la dernière chose qu’il a faite avant de mourir … c’est sûrement important. »

 

J’en convenais. Mais le mystère s’épaississait car, à moins d’un message codé, je ne voyais rien dans tout cela de très encourageant pour l’enquête.

 

                                                                         X

 

 

               Rien ne les y obligeait mais ils passèrent la journée ensemble. Il l’invita à déjeuner dans un chinois de la Porte de Paris. Il l’interrogea bien au delà des limites de son enquête.

Il aurait voulu tout savoir d’Elle…

Elle était vive, intelligente et belle … de cette beauté faite de simplicité et de tempérament.

Elle recelait des secrets qui le fascinaient…

               Elle avait lâché une vie « bien rangée » de mère de famille, conductrice de métro, pour s’adonner entièrement à sa passion : l’Ecriture. Elle tentait d’en vivre depuis un an et « cela n’est pas rose tous les jours » souligna-t-elle avec un sourire adolescent  Difficile de lui donner un âge. Elle possédait ce charme exaspérant des minettes de dix-sept ans, mélangé à une maturité quasi-quadragénaire. Ses neurones de flic avaient beau s’agiter, il ne percerait pas immédiatement l’énigme. Cette femme lui lançait un défi sans le savoir. A mesure que les minutes passaient elle devenait plus qu’un simple témoin … Elle se livrait avec art … Parcimonieusement elle distillait des épisodes de sa vie déterminants, l’invitant dans son intimité avec juste ce qu’il faut de pudeur. Sa passion dominait la conversation. Les mots,  leur force, leur caractère. Si elle était aussi douée pour le sentiment que pour la plume, il aimerait bien tester ses compétences …

               

               Le charme avait agit dans les deux sens. Elle était subjuguée. L’étincelle qu’avait produite sa rencontre de la veille venait de s’enflammer au contact de ce personnage sulfureux, qui ressemblait tant à celui qu’elle aimait à faire évoluer au long de ses « rivières noires ».

Elle n’était pas roman fleuve, elle préférait la nouvelle, plus directe. Elle aimait aller droit au but. Elle posa autant de questions que lui et fut certainement plus renseignée à son sujet que lui à la fin du repas. –«  Vous feriez un bon flic » ironisa-t-il quand il s’aperçut  qu’elle était en train de « le mettre à poil ».

-          « Ce n’est vraiment pas mon genre de parler de moi. » souffla-t-il déconcerté.

-          « Ah bon ? Moi je fais ça tout le temps … juste ce qu’il faut … ça met en confiance. »

 

               C’était décidément une drôle de fille.

 

 

 

 

               Leur joute orale dura jusque tard dans l’après-midi. Ils firent la fermeture du restaurant et marchèrent un long moment dans les rues inondées de soleil. Elle n’habitait pas très loin, un studio confortable, à deux pas de la boutique. Elle lui offrit de venir boire un café. Il l’embrasa de plaisir …Ils ne parvinrent pas à se quitter avant le lendemain matin.

               Dînant de caresses, rêvant éveillés …

 

                                                                          X

 

 

               J’eus beaucoup de mal à lui rendre son corps.

 

-          «  Vraiment, il faut que j’y aille … » soupira-t-il en s’extirpant du canapé-lit.

-          «  Un petit café ? » lui susurrais-je en le retenant. Il avait un dos magnifique. De larges épaules prolongées par de longs bras, fins et musclés.

-          «  Hum, hum, la dernière fois que tu me l’as proposé, ça nous a entraînés un peu loin, tu ne trouves pas ? »

-          «  Au point où on en est … »

 

               Je déposais un baiser délicat entre ses omoplates d’athlète et je le laissais m’échapper. Il prit une douche, but son café l’œil rivé à la pendule du coin-cuisine.

 

-          «  Neuf heures … J’aurais les résultats du légiste … Je t’appelle. Sois prudente. » dit-il un pied sur le palier.

 

               Je lui concédais un sourire déçu … - «  A bientôt ? »

-          «  Tu peux y compter ! » assura-t-il, la tête pleine d’images sensuelles.

 

                                                                          X

 

 

 

               Son adjoint l’accueillit, l’air grivois : - «  Alors ? … »

-          «  Lâche-moi. » rétorqua-t-il d’un ton désabusé.

-          «  Oh, oh, c’est du sérieux, le patron a des états d’âme … »

-          «  Ouais, ben en parlant d’âme … Tu as des nouvelles de Landru ? »

 

C’est sous ce charmant sobriquet qu’opérait le médecin légiste du département.

 

-          «  Tu avais raison, il était mort avant de plonger … On lui a éclaté la rate, le foie et tu veux d’autres détails pour ton petit-déj ? Au fait, t’aurais pu rapporter des croissants ! »

               Il renversa sa chaise contre le mur.

 

 

 

 

 

 

 

-          « Passé à tabac … » conclut-il en parcourant lui même la suite du rapport.

-          « Vigoureusement interrogé. » insista le jeune Benoît en posant les pieds sur le bureau.

-          « Qu’est-ce qu’ils cherchaient ? » réfléchit-il.

 

 

-          «  Inspecteur Principal Lemarchand, je peux vous parler ? »

 

 Benoît se redressa en entendant la voix du commissaire. Frédéric sourit narquoisement.

 

-          « Repos ! » lança-t-il en passant la porte.

 

               Le Pacha avait des informations d’importance : la victime venait d’être identifiée, grâce à ses empreintes. Il avait été fiché en soixante-huit, pendant les événements. Il s’agissait d’un éminent médecin qui pratiquait à Neuilly. Inutile de préciser qu’il allait falloir se bouger les fesses.

               Qu’est-ce qui lui avait pris d’être venu se faire tuer à Saint Denis ? ! Et pourquoi avoir raconté qu’il était « dans les affaires » ? Quel rapport avec la lettre ? Ca allait être coton !

              

               Benoît fit irruption dans le bureau.

-          «  Fred, c’est l’écrivain. Elle est au téléphone … On a saccagé son cabinet. Elle est au bord de la crise de nerfs. »

 

 

                                                                         X

 

 

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19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 11:00

                                                                             

 

-          «  Tu n’as rien ? » s’enquit-il avec empressement. Sa gentillesse m’alla droit au cœur.

-          «  Non, non, tout va bien … ». J’allais le rassurer par un langoureux câlin, mais son collègue le suivait d’un peu trop près.

-          «  Salut ! Eh ben … » soupira-t-il en tournant sur lui même.

 

               Du milieu de la pièce en effet, le désastre était très évocateur. Des disquettes jonchaient le sol, les chaises étaient renversées, l’ordinateur rageusement débranché. Quelques papiers épars donnaient à l’ensemble une allure de naufrage.

 

-          «  Cela a dû se passer cette nuit. » soufflais-je en pensant au rangement.

-          «  ILS ont forcé le rideau de fer. » renchérit le jeune homme, après vérification.

 

               Frédéric releva une chaise et m’invita à m’asseoir.

 

-          «  La lettre, tu crois ? » demandais-je sûre de la réponse.

-          «  Probable, mais comment ont-ils pu savoir ?… Il y a un logo sur tes feuilles ? »

-          «  Non rien. Pas dans ce genre de cas … »

-          «  Mouais, et puis il a très bien pu l’envoyer avant d’être agressé. Il avait ton adresse sur lui ? »

-          « Non pourquoi ? ! »

 

-     « Je ne sais pas … Tu aurais pu lui donner ta carte. » dit-il avec un sourire mutin.

               Ma mine offusquée l’avait amusé. La situation n’en n’était pas moins très sérieuse, voire préoccupante.

 

-          «  Le fait est qu’ils sont venus … et si c’est pour la lettre, ils l’ont eue. Tu avais laissé la disquette ici, je présume.

-          « Et bien oui. Je ne pensais pas avoir besoin de la prendre… ». Ce disant,  je posais mon portable sur mes genoux et vérifiais instinctivement les disquettes glissées dans la pochette. J’avais pris un panel de programmes pour ma visite manquée de la veille. Cependant, je ne me rappelais pas avoir emporté celle que j’avais entre les doigts. Intriguée, je la sortais du lot.

-          « C’est bizarre … »

-          «  Quoi ? »

-          «  On dirait que celle-là ne m’appartient pas. »

-          «  Tiens, tiens … »

 

 

                                                                         X

 

 

               Martine avait fait place nette sur le bureau et retranché le P.C. Le médecin assassiné avait dû glisser subrepticement la disquette dans le sac de la jeune femme, alors qu’il l’occupait à l’écriture d’une lettre, qui selon toute vraisemblance, n’était qu’un alibi. C’est donc qu’il voulait s’en débarrasser, la mettre à l’abri. C’est cela en fait, que les tueurs recherchaient …

               Elle tenta en vain d’ouvrir le fichier.

 

-          «  La bécane est peut-être secouée. » suggéra Benoît.

-          «  Non, non ça fonctionne … » répondit-elle toute à sa concentration. « Rien à faire, je n’ai pas le bon logiciel. »

-          «  Il faut pourtant savoir ce qu’elle a dans le ventre ! Un homme est mort pour ça ! » ragea Lemarchand.

-          «  Je sais qui pourra nous aider » le rassura-t-elle.

-          «  Vas-y appelle-le. ». Il lui tendit le téléphone.

-          «  Impossible. » sourit-elle.

-          «  Pourquoi ? » s’étonna le flic un peu excédé.

-          «  Parcequ’il est sourd. » répondit-elle ironiquement.

               Le P.C entonna une petite musique tandis qu’elle pianotait, après avoir tranquillement installé un C.D ROM.

-          «  Qu’est-ce que tu fais ? »

-          «  Il est sourd mais il sait lire … Il est souvent sur le NET.

 

                                                                         X

 

   

 

 

               J’avais réussi à joindre David sur Internet. Il nous attendait chez lui. Passé maître dans l’art informatique, j’espérais qu’il trouverait le sésame de ce mystérieux fichier. Il habitait « La Goutte d’OR » et Frédéric s’étonna que j’ai des connaissances dans le quartier.

 

-          «  Pourquoi ? Moi je l’aime bien ce quartier. Il est plein de saveurs et de parfums exotiques. Il est très inspirateur … »

-          «  Vraiment ? ». Il conduisait nerveusement. « Pas franchement le temps de penser à la bagatelle. » devait-il penser. Et mes états d’âmes n’aurait pu que l’exaspérer. Le sourcil anxieux, il ne quittait pas le rétroviseur des yeux.

 

                                                                         X

 

 

               Il avait largué son coéquipier pour la suivre à Paris. Il débordait une fois de plus de son terrain. Mais après le « dérapage »  de la nuit passée, il n’était plus à une incartade près.

Elle pouvait l’aider, c’était l’évidence. Cette disquette était la clé de l’affaire.

 

-          «  Quel con ! » hurla-t-il en pilant en plein carrefour.

               Elle s’accrocha à la portière sans rien dire. Mais elle ajusta sa ceinture de sécurité.

Il semblait très inquiet. Il avait repassé la première brutalement et s’était engagé à contresens  dans un couloir de bus.

 

« C’est bien ma chance … » pensa-t-elle, « je suis tombée sur un malade ».

 

-          «  Ils sont derrière. » souffla-t-il.

               Elle tenta de regarder par dessus son épaule mais il roulait trop vite et tournait à chaque coin de rue.

 

-          «  Ils sont gonflés tout de même de filer un flic. » s’étonna-t-elle.

-          «  Alors là tu vois, je ne voudrais pas te faire flipper mais je ne crois pas qu’il s’agisse encore d’une filature … là, ça serait plutôt du genre poursuite. »

 

               Les deux véhicules roulaient à vive allure dans des rues de plus en plus étroites.

 

-          « Tu connais bien Saint-Ouen ? » s’enquit-il dans un demi souffle, « il faut absolument les semer. »

-          «  Tu penses qu’ils sont vraiment dangereux ? »

-          «  Penses-tu ! Ils veulent juste nous payer un café ! »

               La voiture fit une embardée. Ils les avaient poussés sur le trottoir.

-    «  Les fumiers, ils veulent notre peau ! »

               Elle serra la poignée de la porte si fort que ses ongles s’enfoncèrent dans le cuir.

 

                                                                         X 

 

 

 

               Cette fois-ci j’y étais ! Et jusqu’au cou !

Si j’avais déjà vécu dangereusement par le passé, jamais je crois je n’avais éprouvé une telle sensation. Je me faisais l’effet d’une gamine qui a toujours voulu monter dans les Montagnes Russes et qui, une fois la tête en bas à vingt mètres du sol, prie pour redescendre en un seul morceau.

               Bon Dieu, ce que j’aurais voulu être ailleurs !

               Fred agissait en véritable professionnel mais le sang-froid qu’il affichait ne masquait en rien la gravité de la situation : Ils étaient prêts à nous tuer pour récupérer ce document.

 

-          «  Quel con, mais quel con ! » répéta-t-il, «  Ils nous ont suivi dès le début. J’aurais dû  percuter ce matin ! Dire que c’est moi qui les ai mis sur ta piste …ah ils  ont dû bien rigoler ! »

 

               Ce n’était pas le moment de paniquer mais mon estomac avait atteint son degré d’acidité maximal. Une main invisible l’avait empoigné et le malaxait dans tous les sens.

 

-          «  T’inquiètes pas ma puce, on va s’en tirer. »

 

               Il se voulait rassurant mais son angoisse était palpable.

-          «  Si au moins j’avais pris la voiture de service, on aurait pu demander du secours. »

-          «  A l’heure du portable, tout de même, on n’a pas idée … » tentais-je avec un brin d’humour.

-          «  T’as qu’à utiliser le tien. » répondit-il du tac-au-tac.

-          «  Touché. Il est en charge à la maison. »

 

               L’atmosphère était moins lourde. Le rétroviseur était soudain vide. La rue aussi, d’ailleurs. J’étais étonnée, à onze heures passées … si près de la Mairie.

 

-          «  Regarde … » Son visage s’était éclairci. Il pointait le doigt en direction d’une enseigne, tout à coup bien sympathique : « POLICE ».

-          «  Je savais bien qu’il n’était pas loin. On a toujours besoin d’un petit commissariat de quartier … » sifflota-t-il avec satisfaction, «  ça rend toujours service … »

               Nous nous arrêtâmes devant une grande porte grise.

-          « Ca va ? » Il tourna vers moi son minois fatigué. Le stress se lisait encore au fond de ses yeux.

-          «  C’est fini ? » Je n’osais pas me retourner de peur d’apercevoir la BM qui nous avait pris en chasse.

-          «  Ils n’oseront pas venir jusqu’ici. Du moins je l’espère …Viens. »

               Il m’entraîna à l’intérieur. Il m’impressionnait vivement. Il se présenta, comme si de rien n’était et empoigna le premier téléphone venu.

 

 

                                                                          X

 

 

 

 

               Ils avaient échappé de justesse à de dangereux criminels. Il n’était pas décidé à prendre d’avantage de risques. Il décréta qu’il ne mettrait pas en danger l’ami de Martine.

Il obtint de ses supérieurs l’autorisation de se rendre à la clinique. Si on voulait lire la disquette, il n’y avait que  où chez le toubib qu’on pourrait le faire.

 

 

                                                                         X

 

 

               Je me demandais comment mon assureur allait le prendre. Ils avaient maquillé ma voiture ‘façon CESAR’ et la direction en avait pris un sacré coup !

 

-          «  Ne te fais pas de mouron, l’administration va t’arranger ça. »

               Là, j’eus comme un doute …

 

               Décidément il m’épatait ce gars-là ! Il était parvenu à se faire prêter un véhicule et nous roulions tranquillement sur les quais, vers la banlieue ouest.

Nous tomberions juste dans l’heure du déjeuner.

 

-    «  Idéal pour fouiner » souligna-t-il.

 

 

                                                                         X

 

 

               L’infirmière blêmit à l’annonce du décès de son patron.

-          «  Mon Dieu, comment est-ce possible ? »

               Elle se retint au comptoir. On serait bouleversé à moins …Elle finit par s’asseoir en écoutant les brèves et néanmoins incroyables explications du policier qui lui demanda de lui indiquer le bureau, où l’on pourrait enfin résoudre le mystère. Elle le renseigna et décrocha le téléphone comme une automate.

 

               Cette fois, Martine n’eut aucun mal à ouvrir le fichier grâce au mot de passe révélé par la secrétaire. Il se tenait derrière elle, appuyé sur la chaise.

 

-          « Des dossiers médicaux … » souffla-t-elle dubitative.

-          «  Il va falloir les éplucher. La solution est là ! »

 

               Ils passèrent quelques minutes à faire défiler le sommaire. L’intuition étant la principale qualité d’un bon enquêteur, Fred  éliminait un à un les noms inconnus.

-          « Tiens, il a soigné celui-là ? Fais voir … ».

                Il ne retenait que les malades qui auraient pu avoir une quelconque importance médiatique ou politique. On ne tue pas pour ‘ Monsieur Tout-le-Monde’ .

              

 

                                                                         X                                                      

 

 

 

-          «  Bingo ! » cria-t-il . Nous en étions à la lettre G.

-          «  GERFAUT » siffla-t-il, «  je parie que c’est lui. Il est mort il y a trois jours seulement.

On dit qu’il s’est suicidé, il paraît qu’il était condamné … »

 

-          «  Et c’est tout à fait exact. » La phrase de l’homme claqua comme un coup de fouet dans le bureau à l’ambiance feutrée.

 

               Je levais les yeux pour m’apercevoir qu’il nous tenait en joue avec un de ces gros calibres qu’on ne voit qu’au cinéma. Ma gorge se serra. Comment avait-il fait pour être là si vite ? Nous avait-il suivis depuis le commissariat ?

Fred ne se départit pas de son calme : « Vous savez ce que ça coûte de braquer un flic ? » essaya-t-il sans grande conviction.

-          «  Certainement moins cher que de le descendre … »   rétorqua l’individu, sûr de lui.

-           «  Pour l’instant, il n’y a pas de bobo … » continua-t-il, «  Donnez moi la disquette gentiment et restons-en là. »

 

 

               Je doutais que les choses puissent s’arranger aussi facilement. Evidement, il ne pouvait pas nous tirer dessus, ici, en pleine journée ! Mais nous étions devenus gênants, même si nous n’avions encore rien vu de vraiment compromettant. D’après le dossier, GERFAUT était réellement très malade. Il n’aurait pas vécu plus de trois mois.

               Pourtant notre braqueur tentait bien de nous empêcher de découvrir quelque chose et sa détermination faisait peur à voir ! Cela devait être grave.

 

               Je n’avais pas vraiment peur. Je sentais que Fred me protégerait. Je savais qu’il irait jusqu’à risquer sa vie.

 

 

                                                                         X

 

 

               La scène se déroula comme au ralenti. Il bondit comme un chat pour tenter de désarmer le malfrat. Leur bagarre ne dura pas plus de trois minutes.

               Lorsque le coup partit ils se figèrent tous les deux. Fred en profita pour assener à son adversaire  une droite qui le cloua au sol.

Il se retourna pour constater qu’elle avait glissé sous le bureau, pour se protéger sans doute.

 

 

                                                                         X

 

               Je n’avais pas vraiment eu mal. J’avais juste senti comme un violent coup de poing à l’épaule, qui m’avait déséquilibrée. Je n’ai pas réalisé tout de suite.

La chaise à roulettes avait reculé d’un bon mètre en tournoyant. Et je m’étais trouvée projetée contre le mur. Je ne pensais pas qu’une simple balle puisse vous emmener si loin.  Pas le temps de crier ou de me plaindre, je m’étais juste écroulée.

 

                A peine le temps de le voir arriver et se pencher sur moi, je me réveillais dans un lit, enveloppée d’une lumière blafarde.

Je constatais sans surprise que j’étais dans une chambre de la clinique. Au moins, je n’avais pas eu loin à aller. J’ai toujours eu de la chance …

 

               Je le trouvais, à mon réveil, avec la même expression qu’à mon évanouissement.

 

-          «  Ca va aller … » me rassura-t-il sur un ton paternel, «  tu es hors de danger maintenant. »

 

 

               Il posa un tendre baiser sur mes lèvres affreusement sèches et me raconta d’une voix calme tout ce qui s’était passé durant ma perte de connaissance.

               Notre agresseur était un homme de main à la solde de la famille de GERFAUT.

L’industriel s’était découvert un fils naturel et avait chargé son médecin de pratiquer des tests génétiques afin de confirmer ses présomptions. Une fois celles ci avérées, il avait décidé d’en faire son héritier. Evidement, cela n’avait pas plu  à tout le monde … et disons «  … que sa famille a voulu abréger ses souffrances … »

 

-          «  … avant que ça se sache … » soufflais-je écœurée.

-          «  Eh oui … »  Il haussa les épaules. «  Quand le passé vous rattrape, ON a parfois du mal à faire la part des choses … En tous cas, tu ferais une excellente auxiliaire de police ! Tu m’as été très précieuse …et j’ai eu très peur. J’ai cru un instant que je t’avais perdue … et là, tu vois, je ne suis pas prêt. »  Il dégagea mon front d’un geste affectueux, caressant mes cheveux comme on flatte un chaton.

-          « Non, je ne suis pas prêt » sussura-t-il en approchant sa bouche de mes yeux, « je crois bien que je t’ … »

-          «  Chut .. » Je posais mon index sur ses lèvres offertes et murmurais à mon tour : «  prends garde à ne pas prononcer trop vite des mots définitifs … que tu regretteras peut-être demain. »

 

               Il recula en fronçant un sourcil déçu.

-          «  Je t’appelle … » dit-il froidement en m’embrassant comme une ‘collègue’.

 

 

                                                                         X

 

 

 

 

               Il sortit de la chambre un peu groguis. C’était décidément une drôle de fille.

Mais elle avait raison. Leur attirement réciproque ne les engagerait pas forcément. La liberté a parfois un goût amer …

               La vision qui s’offrit à lui dans le couloir le glaça. Quelles seraient ses chances ? !

               Ils étaient là.

Ils arrivaient d’un pas pressé par l’angoisse. C’était sûrement lui : Un mari, visiblement toujours amoureux, flanqué d’une gazelle de dix-huit ans et, surprise, de deux charmants « mineurs de moins de quinze ans »  pensa-t-il.

 

 

-          «  Madame BAILLET ? » questionna-t-il sans vraiment savoir qui était cet homme qui sortait de la chambre présumée de son épouse.

-          «  C’est ici. » répondit Fred en tendant la main. « Je suis l’inspecteur Lemarchand. Elle va bien. »

 

               ‘L’Autre’ lui serra la main sans le regarder, il vérifiait en même temps le numéro inscrit sur la porte.

 

-          «  Vous êtes son ex-mari, je présume. » interrogea le flic sans le lâcher.

-          «  Pas exactement, » cette fois le mari le regarda droit dans les yeux, « son mari, tout simplement. » insista-t-il,  «  Nous sommes séparés, pas divorcés. »  Il semblait tenir à cette rectification.

 

               Les enfants avaient rejoint leur mère. Des soupirs de soulagements accompagnaient leurs tendres retrouvailles. Il lâcha sa main et se détourna après l’échange d’un dernier regard, lourd de sens. Il pensait à la conclusion de son rapport : «  Il est bien difficile de faire fi du passé, surtout lorsqu’il laisse, au présent, des traces aussi vivantes… »

               Et le fils naturel de GERFAUT n’en n’était pas l’unique illustration.

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                FIN.

 

 

 

 

 

                                                                                 1181764700_zen.jpg

                                                                              tous droits réservés Dominique Bleuet 1999

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"Ne rien posséder et poutant tout avoir ..." c'est une équation difficile à résoudre dans notre société de consommation. Seule peut-être l'imagination peut apporter la solution...  J'ai une proposition : modifions l'orthographe du second terme: "à voir". Voilà qui donne des perspectives ...

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