"Ne rien posséder et pourtant tout avoir ..." c'est une équation difficile à résoudre dans notre société de consommation. "Si la Réalité dépasse parfois le Fiction, c'est que le Destin a plus d'imagination que nous ..."
Final
Hôpital Général de Sacramento.
Le jour pointe sur l’hôpital. Par la fenêtre, un rayon de soleil fait son chemin à travers les lamelles du store. Eclairant la chambre d’une faible lumière orangée.
Patrick ouvre faiblement les yeux. On l’a installé à demi assis dans le lit. Bien calé par deux gros coussins, pour ne pas qu’il bouge. Histoire que ses os brisés et ses membres meurtris tiennent bien en place. L’avant bras droit plâtré, le gauche branché à un goutte-à-goutte, il se sent un peu coincé. Il laisse échapper un long soupir. Fronce un sourcil douloureux.
Il tourne la tête lentement et découvre le panorama de la pièce. Un sourire illumine son visage lorsqu’il aperçoit Lisbon, avachie dans le fauteuil tout près. Elle dort profondément. Il se sent moins seul tout à coup.
La porte s’ouvre doucement. L’infirmière apparaît souriante, une boîte enrubannée à la main.
- Bonjour Monsieur Jane. Chuchote-t-elle en lançant un regard complice en direction de Lisbon. Vous avez bien dormi ?
- Bonjour, répond Jane lui aussi à voix basse, avec une moue de connivence. Bien, merci. Ça fait longtemps qu’elle est là ?
- Elle vous a veillé toute la nuit. Voulez-vous que je la réveille ?
- Non, non, surtout pas. Laissez-la se reposer. S’il vous plait. Elle l’a bien mérité.
Toujours souriante, l’infirmière pose délicatement la boîte sur les cuisses de Jane, et s’enquiert du goutte-à-goutte.
- Je dois ajuster ça, dit-elle en s’avançant avec précaution.
Elle règle le débit de la médication et lui adresse l’air réjouit, en pointant du menton la table de nuit encombrée de cadeaux :
- Encore des chocolats. Il faudra éviter de les manger tous. Sinon on va devoir vous garder plus longtemps pour soigner votre crise de foie.
… Vous avez beaucoup d’amis on dirait.
- On dirait … soupire Jane.
- En tous cas ceux qui ont passé la nuit dans la salle d’attente ont l’air vraiment inquiet pour vous ! On a eu beau leur dire que tout allait bien et que vous allez vous en remettre, ils ont refusé de partir avant de vous avoir parlé.
- C’est vrai ? exhale Jane en sursautant alors qu’elle effleure son bras.
- Hum, hum, acquiesce-t-elle. Vous vous sentez assez bien pour les recevoir ou vous préférez que je leur dise de repasser plus tard ?
- Non, dites leur de venir, sourit-il, touché par leur persévérance. Sinon ils sont bien capables de camper.
- C’est bien ce qu’ils ont commencé …
Un gémissement l’interrompt. Lisbon s’étire en soupirant.
- Ah, Jane, vous êtes réveillé, baille-t-elle.
- Vous aussi à ce que je vois, se moque-t-il.
- Han … oui, je me suis assoupie, je suis désolée …
« Ca ne fait rien. » semble-t-il répondre d’un haussement d’épaule.
Elle se lève, un large sourire aux lèvres et s’avance en écarquillant les yeux.
- Comment vous vous sentez ? demande-t-elle avec douceur.
Jane inspire bruyamment et affiche son sourire le plus ironique :
- A vrai dire … pour être honnête … je sens rien. Je suis chargé comme une mule … alors, en fait, j’ai même pas mal.
- Je ne parle pas vraiment de ça … souffle Lisbon en touchant délicatement les doigts qui émergent du plâtre.
« C’est comme si elle les comptait pour être sûre qu’il n’en manque pas », se dit Jane qui apprécie.
- Je veux dire, dans votre tête … comment ça va là ? reprend-elle en approchant son visage de celui de son ami, pour mieux lire au fond de ses yeux.
- Je vais bien. Assure-t-il en penchant la tête. Esquissant du bout des lèvres un rictus pas vraiment convaincant.
- Je le voudrais tant … tout ça c’est ma faute …
Il n’a pas le temps de la contredire. La porte s’ouvre en grand et la lumière s’allume.
Cho s’engouffre dans la chambre. Il fonce littéralement sur Jane.
- Enfin réveillé ! lance-t-il. C’est pas trop tôt ! J’avais hâte de venir te présenter mes excuses.
Cho, plutôt content …
La main en avant, parti pour serrer celle de son collègue, il se ravise et la pose sur son poignet, en prenant garde de ne pas toucher l’aiguille enfoncée dans sa veine. Une simple pression, empreinte de sympathie fait office de salut et acte de contrition. Ses doigts glissent jusqu’à la paume et là c’est Jane qui referme les siens sur la main de Cho. Et la serre avec ses pauvres forces.
- Arrête, souffle Jane en secouant insensiblement la tête. Tu n’as pas d’excuses à me faire … j’ai été imbuvable …
- Non, c’est pas vrai. T’as été tout ce que tu as toujours été. Je regrette. J’aurais dû te faire confiance.
- On aurait Tous, dû lui faire confiance. Insiste Lisbon.
- Moi aussi je te demande pardon. Renchérit Rigsby en s’approchant à son tour.
- C’est ridicule. Tente de démentir Jane. C’était pas votre faute …
- Et bien moi, je ne m’excuserai pas. Lâche Van Pelt sur un ton mutin. Parce que moi, je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai jamais douté de toi. Et je t’ai même aidé.
Elle passe fièrement devant les deux hommes et adresse à Jane un sourire entendu, les yeux pétillants de satisfaction.
- C’est vrai. Merci Grace. Approuve Jane, un brin railleur. Tu veux un chocolat ?
Il fait sauter le couvercle de la boîte avec le bord de son plâtre. Et la pousse vers ses amis.
- Hum … c’est pas de refus. Je meurs de faim ! répond la jolie rousse en piochant
dedans. Elle porte à sa bouche un des bonbons et se délecte, histoire de provoquer ses compères.
- Allez-y. Servez-vous les garçons. Propose à nouveau Jane. Il paraît que c’est bon pour le moral !
Cho et Rigsby s’exécutent avec délice et font semblant de se battre pour la même friandise.
- Hum, celui-là est à l’alcool … bredouille Rigsby la bouche pleine. Tu pourras pas en manger avec tes médocs … je les prends. Et il se ressert.
Cette fois c’est un vrai sourire qui s’accroche aux lèvres de Jane. Il rit de bon cœur et se tourne vers la boss.
- Lisbon … propose-t-il, en poussant la boîte vers elle … dépêchez-vous …
Elle aussi affiche une bonne humeur bienvenue, après tant d’heures sous pression. Elle pose une main affectueuse sur son épaule et la serre doucement.
Elle pique une bouchée et la gobe sous l’œil gourmand de Jane. Il fait mine de se sentir frustré. Elle choisit un chocolat et lui met dans la bouche.
Une mini bataille se joue alors. C’est à celui qui aura le meilleur ! Un joyeux brouhaha remplit la chambre. Jane et Lisbon échangent un regard soulagé. L’équipe est à nouveau soudée. Et les pénibles moments qui les ont conduits là, autour de lui, sur un lit d’hôpital, ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir de plus.
l’équipe à nouveau soudée.