Le film qui personnellement m’a le plus touchée … le mot choquée ne serait pas trop fort, est un film de guerre peut-être oublié, parce que « pas vraiment spectaculaire », mais selon moi horrifiant …  le plus dur, le plus impressionnant  de tous les films de guerre que j’ai vus.

Johnny got his gun (Johnny s’en va-t-en guerre)  de Dalton Trumbo.

L’histoire d’un jeune homme de vingt ans, durant la première guerre mondiale.  Déchiqueté par une mine ou une grenade, je ne sais plus, réduit « à l’état de morceau de viande » … qui n’a plus ni bras, ni jambe, ni … visage … et survit dans un monde fantasmatique … Hallucinant récit écrit par Dalton Trumbo dans la fièvre des années de crise, après une des guerres  les plus meurtrières de tous les temps et à l’aube de l’une des plus décisives pour l’avenir de l’humanité. Le livre paraîtra en septembre 1939. C’est le texte le plus insoutenable que j’ai lu sur le sujet.

Un livre unique, le seul ayant à ma connaissance atteint cette limite, qui connaîtra évidement, un destin tout différent de celui d’un « chef d’œuvre ordinaire » …

Considéré, utilisé, censuré, interdit, sont les adjectifs qui résument le mieux la carrière de cette « arme de pacifiste ». Etat qui confinera  bientôt à celui de Traitre, dans une Amérique bouleversée, pour longtemps. Qui ne lui pardonnera pas son engagement pour la paix, incapable de digérer cette sorte de réquisitoire contre les fléaux qu’elle-même génère …

Après avoir subi les foudres du MacCartisme et été mis au ban de la société ,  Trumbo retrouvera son honneur et un travail de scénariste. Hollywood finit par le reprendre en son sein mais personne n’osera jamais mettre en scène cet  épouvantable  spectacle.

C’est en 1970, trente ans après l’avoir créée, que Dalton Trumbo donne le premier coup de manivelle. En 71, c’est le choc. En pleine guerre du Viet-Nam, il remet ça ! Le film sort sous les huées des uns et les bravos des pacifistes … au-delà de la politique c’est un magnifique  plaidoyer pour la dignité humaine. Au-delà de la mort, c’est une description de l’indescriptible … le mot chef d’œuvre est faible, âmes sensibles s’abstenir … quant aux autres … ceux qui déclarent des guerres, surtout, à voir absolument.

    Dans le même ordre d'idée ... vingt ans plus tard, Nicolas Vanier nous invitait à partager quelques heures de la vie du Dernier Trappeur.

                                      Très réussi aussi !

Vue de l'espace ou "de l'intérieur" ... notre monde est superbe, magnifique ...

certains s'en préoccupent http://www.waterkeeper.org/

Forum International des Peuples Autochtones Unis

du 19 au 25 juin 2006 à Pau

« Le Forum International des Peuples Autochtones Unis a été inauguré ce matin avec les messages des Femmes de la Paix. Mme Rigoberta Menchu Tum, Prix Nobel de la Paix en 1992, était présente lors de la cérémonie d’ouverture, entourée d’autres femmes autochtones, ainsi que des enfants des écoles paloises qui ont chanté en leur honneur. Un chant occitan, interprété par Escota Si Plau, a également représenté la culture locale. » pouvait on lire sur le site internet du Fipau destiné à informer le public sur cette extraordinaire manifestation, première du genre en Europe et peut-être même au monde. (http://www.fipau.org/ )

Le Forum, destiné « à mettre à la disposition des peuples autochtones de la planète tous les moyens de communication existants pour qu’ils portent et partagent leurs messages et leur culture dans le monde entier. » s’est ouvert ce matin-là sous les meilleures auspices, accueillant plus de vingt délégations de peuples indigènes, augurant de palpitantes rencontres et des échanges de grande qualité. Pourtant, le soir même, le tonnerre a grondé et le ciel a déversé des torrents de pluie sur la ville, inondant, terrifiant, obligeant à annuler le premier concert  …

un ciel gris mais une furieuse envie de rencontres

Journal de bord :

Mardi 20 juin.

C’est sans doute le déluge qui s’est abattu sur Pau, au tout début du Forum International des Peuples Autochtones Unis, qui explique l’aspect clairsemé du public dans la grande Salle des Ambassadeurs lors des deux pourtant passionnantes tables rondes de l’après-midi.( Droits de l’homme : pour une conscience collective face au danger du racisme et de l’exclusion – Médias autochtones … émergence de l’autre voix/voie)

Gageons que l’audience augmentera vite au cours des prochains jours car il faut bien comprendre l’enjeu de ces rencontres.

Si la Ville a choisi  d’insister sur le côté festif de l’évènement, en présentant les concerts, exceptionnels, à grand renfort de publicité et par le biais de son bimestriel gratuit Pau Magazine, il faut souligner le rôle essentiel  des expositions et  tables rondes.

Le festival du film autochtone, les divers spectacles et activités, proposés gratuitement aux visiteurs, sont autant  d’occasions d’apprendre … et d’échanger. Quelle magnifique initiative ! Et dans cet environnement multilingue, où se côtoient avec bonheur autant de cultures différentes relayées par des traducteurs affairés, je pèse mes mots. Je trouve admirable cette idée de réaliser enfin, ce que nous sommes nombreux à attendre depuis des années : une réflexion vraie et sincère sur la meilleure manière de vivre ensemble. Tous ensemble ! Sans exclure le point de vue, crucial à mon humble avis, de la population d’une bonne partie de la planète ; on se demande pourquoi, quasiment ignoré depuis des siècles. Ce qui est plus que triste. Dangereux.

Car ce point de vue, méprisé au nom de je ne sais quelle soit disant civilisation du progrès, recèle un tel bon sens, qu’il a une chance, si on veut bien enfin l’étudier sérieusement, de nous « tirer tous du pétrin ». Il est encore temps de réagir pour aider notre monde en souffrance, pour cause de développement effréné, à se relever. A reprendre des forces. Si seulement les décideurs, voulaient bien écouter la voix de la sagesse. Celle de ces peuples qualifiés  souvent avec plus ou moins de condescendance de « premiers » ou « primitifs ». Termes qui seraient acceptables sans la connotation péjorative entendue par la plupart de leurs utilisateurs. Comme si ces « premières personnes » à avoir compris l’aspect essentiel du respect d’autrui et de son environnement,  devaient être considérés comme … quoi ? des êtres immatures ? des imbéciles ? pire : des manuels scolaires du début du siècle dernier les qualifiaient encore d’inférieurs. Alors que dans leur simple et intelligente gestion des ressources, ces gens, dont nous devrions tous être fiers de partager les gènes, nous montrent sans forfanterie aucune,  qu’ils sont bien plus aptes que les « tenants du pouvoir » actuels, à réfléchir sur une des plus graves questions de notre époque. Et voyez comme ils ne sont pas rancuniers. Dans leur immense sagesse, ils viennent nous proposer d’en discuter tous ensemble ! Comment après cela refuser de s’impliquer dans la recherche d’une solution durable pour le développement d’une humanité harmonieuse, consciente de ses disparités au point d’en faire les atouts d’une partie rude à jouer …

Car cette convention qui se tient en ce moment à Pau, doit déboucher sur un texte qui présentera « un projet commun pour tous les peuples, aux Etats, dans les différentes organisations internationales de droits de l’Homme, comme les Nations Unis, l’OEA … » (Fredy Alvarado –Porte parole kichwa, Equateur).

Et on a l’occasion de voir ça ! Aidons nous les uns les autres, bon sang !

             Merci à Kamawak pour cette initiative

Mercredi  21,

Je rattrape mon retard sur Internet : que s’est –il passé hier que je n’ai pas eu le temps de voir ?

« Le Mandala a également fait l’objet d’une inauguration au sein du Palais Beaumont. La réalisation d’un mandala est ponctuée de rites : la cérémonie d’ouverture est une prière, une bénédiction. Amitayus est le mandala qui sera réalisé à Pau ; son nom signifie temps infini. Cette réalisation s’annonce comme une rencontre unique, qui apportera une grande bénédiction à la ville toute entière puisqu’il lui sera dédiée. » 19/06

« Après la pluie, le beau temps... Petits et grands se sont rassemblés autour de Patricia Ackin, dans l’enceinte de l’Auditorium de Vigny, à la découverte des contes de Colombie Britannique, tandis que Rita Mestokosho et Thaayrohyadi animent la conférence junior sur la gestion des forêts dans le monde. » 20/06

J’assiste aux tables rondes, sacrifiant un film ou deux et vice versa, c’est le seul reproche que je ferais aux organisateurs, la programmation impose des choix cornéliens. (Ils en prendront note plus tard en m’expliquant que pour des raisons techniques…)

Je conçois aisément que cela soit difficile et je me console en vaquant ici et là entre le Palais Beaumont et le Parc où je ne sais pas toujours où donner de la tête !

Le temps passe si vite et les rencontres sont incessantes … associations, artistes, simples quidams … c’est vraiment un festival de rapports humains ! Je savoure chaque instant avec la gourmandise d’une enfant de dix ans ! J’ai le même âge que ma fille aujourd’hui, ou est-elle finalement devenue plus âgée que moi (elle en a onze) ? Je l’ai débauchée, fait faire l’école buissonnière, pour qu’elle voit ça ! Et je n’ai aucun regret ! Elle se délecte elle aussi des échanges aux quels elle assiste… consciente de partager des moments d’une rare intensité avec des personnes exceptionnelles…

Chaque personne semble exceptionnelle dans cette enceinte en ce temps précis.

Nous apprenons ensemble à partager un temps un peu différent de celui qui fait notre ordinaire…

un partage de cultures

Jeudi 22

Je me repose encore sur Internet pour rassembler mes esprits  et faire le point :

« Hier soir, les aborigènes de Descendance et les touaregs de Désert Rebel ont fait trembler la Grande Scène du Parc Beaumont, au son du didgeridoo et des guitares électriques. Un mélange culturel détonnant ! Junior Cony, en guest, a clôturé la soirée en improvisant des mixs dub sur sa platine. »

 aujourd'hui, c'est avec les indiens d'Amérique qu'ils dansent

Les tables rondes m’entraînent sur la piste de L’homme : ami ou ennemi de la Terre puis vers le Partage des savoirs autochtones… les débats qui suivent sont passionnants.

Les jours filent, nous ne pourrons pas rester jusqu’à la fin… je repousse notre départ à la dernière limite afin de profiter pleinement. Ce jeudi est riche de spectacles et d’animation. Le concert du soir réunit Les Haïda, que nous avons rencontrés dans la journée, des artistes canadiens, que nous avons vus dans un film, une soirée spéciale Canada, un pays qui m’est cher. C’est sous la pluie qu’elle commence, mais le public vient quand même …

je rencontre avec joie Alain Superbie et Benoît Reeves qui présenteront un spectacle audiovisuel préparé par son père

Hubert Reeves

http://www.hubertreeves.info/ 

 Mal de Terre  (http://www.hubertreeves.info/spectacles/maldeterre.html)   

demain à l’auditorium de Vigny . J’avais eu la chance déjà de le voir et je m’étais promis de partager cela aussi, avec ma fille. Pas étonnés mais heureux de mon enthousiasme, les deux compères me donnent rendez-vous pour un lendemain des plus enrichissants. Un de plus … 

Vendredi 23

Le débat qui suit la projection de Mal de Terre porte sur la crise environnementale dans laquelle est plongée cette humanité qui cherche aujourd’hui, et ici, des solutions pour s’entendre, se comprendre … Je trouve le spectacle tout à fait à sa place ! Encore une fois les échanges en disent long … Après avoir admiré des images merveilleuses, les questions fusent et les opinions se confrontent … ( effet de serre, réchauffement, avenir de l’espèce humaine).

http://www.hubertreeves.info/ 

Il me faudra bientôt quitter tous ces gens … j’aurais aimé que plus qu’un forum, ce fut un village qui s’établisse … un endroit où retrouver à tout moment cette faculté de se poser les bonnes questions … d’explorer différentes pistes, ensemble … Mais la vie est un voyage, c’est sans cesse en mouvement qu’on apprend …

La dernière table ronde à laquelle je peux assister porte justement sur le Nomadisme : le propre de l’homme ? J’y puise la force de « rentrer » … eh oui, le travail m’attend ! fini les vacances …  Nous repartons vers le quotidien, ragaillardies.

Une lueur d’espoir s’est allumée à Pau au tout début de l’été … puisse-t-elle briller longtemps, en dépit des nombreuses intempéries …

Samedi 24, Dimanche 25,

Je n’étais pas là … je me précipite sur le site … quelles nouvelles ?

« TRYO était à Pau hier, à la plus grande joie des Palois ! Le reggae a résonné dans le Parc Beaumont jusque tard dans la soirée pour porter des messages de paix et de solidarité. »

« Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas... Le Parc Beaumont est la scène d’échanges culturels spontanés entre gens de tout horizon. Les uns sifflent, les autres jouent, d’autres encore sculptent ou tissent, au gré des envies de chacun. Initiation au didgeridoo avec les Aborigènes, danses sioux-oglala et hoops dance avec Willey, Quentin et Li, massages de Thaay, l’atelier jeu du monde avec Viviane, le jus d’hibiscus au stand d’Handicap Casamance... Malgré un temps plutôt maussade, tous les ingrédients sont là pour susciter la curiosité et l’enthousiasme ! »

« Durant toute la semaine, les délégués des peuples autochtones présents à Pau se sont réunis dans le cadre de la Convention de Pau. Ils ont tous ensemble rédigé la future Charte de Pau, afin de faire entendre leurs droits, et dont le contenu est dévoilé à la presse en ce moment même. »

 http://www.fipau.org/ si vous voulez plus d'infos, n'hésitez pas !

http://www.amities-franco-lakota-dakota.com/ 

DB